»La splendeur d’un vieux pays si jeune »

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l Le Liban a bien des difficultés à se dégager des serres d’une situation internationale qui ne cesse depuis des décennies de le prendre en otage. Après un été meurtrier, voici à nouveau « ce vieux pays si jeune », comme disait André Gide, au bord du gouffre. Indéchiffrable parfois, incompris plus que jamais, prisonnier à la fois de nos idées simples et d’une conjoncture complexe.

Stétié chante en poète cette terre enchantée que ronge un Orient désorienté, son Liban couleur d’azur, avec ses hautes roches, sa montagne de cèdres, ses « splendeurs de neige et de verdure », ses maisons de pierres blondes. La « longue flamme bleue » de la Méditerranée éclaire les visages, les âmes et les paysages. Son texte nous dit une histoire longue: mythes, arbres, patriarches… Comment parler du Liban sans raconter la décantation du temps et le prix de la vie et sans dérouler le fil de la tradition abrahamique? Stétié s’abandonne aux rêveries. Elles l’aident à déchiffrer le passé et l’avenir. « Au Liban, depuis toujours, la poésie se cherche et se trouve. Ce en quoi elle est une forme de salut dans la trahison des hommes et des choses. » Les belles photos de Caroline Rose accompagnent cette méditation et le parent de multiples couleurs. Couvents de la vallée de la Kadisha, lumière rouge d’une mosquée de Tripoli, marchés, oliviers, palais (le Sérail, le musée Sursock, etc.). N’oublions pas la fameuse maison rose, située près du phare de Ras-Beyrouth où vit une Libanaise, Fayza, qui a la passion des mots et des livres. Pour les fêtes, elle réédite Le Chemin de Baalbeck, d’Aimée Kettaneh, livre de « souvenirs et rencontres », qui évoque le Liban d’avant toutes les guerres. Camille Chamoun recevait Cocteau, Béjart, Munch, Karajan ou Jean-Louis Barrault entre les colonnes pâles de l’ancienne cité. C’était en 1956 : cela nous semble d’un autre temps.

Idir lounès

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