30 mois de prison et 100 000 DA d’amende pour les coursiers des terroristes

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Trois jeunes habitant un hameau perdu dans la forêt de Beni Ksila ont comparu jeudi matin devant le tribunal criminel près la cour de Béjaïa. Deux d’entre eux étaient accusés de faire l’apologie des actes terroristes et de non-dénonciation des terroristes aux services de sécurité. Concernant le troisième prévenu, seule cette dernière accusation pèse sur lui. Le magistrat représentant le ministère public a requis la peine de 10 ans de prison et 500 000 DA d’amende contre les deux premiers et 5 ans de prison et 10 000 DA contre le troisième. Cependant, le verdict prononcé par le président après une heure et demie de délibérations a été de 30 mois de prison et 100 000 DA d’amende, assortis d’une privation de droits civiques pendant deux ans pour les deux premiers accusés, et seulement de 6 mois de prison avec sursis pour le troisième. Les premiers contacts entre les terroristes et I. B. 46 ans, célibataire, fellah, qui ont eu pour théâtre le paradisiaque hameau de Laâzib Ameukrane dans la commune de Beni Ksila, remontent à un soir du mois de mars de l’année 2003 lorsque vers 21 h, alors que I. B. était à la Tadjemaât du hameau, quatre individus barbus et munis d’armes automatiques ont fait leur apparition devant lui et lui ont demandé, le menaçant de l’égorger ou de vider les chargeurs de leurs armes dans son ventre, de leur acheter pour le lendemain 10 baguettes de pain et 10 sachets de poudre “Tchin-Tchin” pour faire des boissons sucrées et de les déposer dans un cactus à l’orée du hameau.

Et avant qu’il ne s’en aille chez son frère à Alger, le même scénario se répétera plusieurs fois. Le même groupe vient trouver I. B. et lui demande de lui acheter toujours 10 baguettes de pain et 10 sachets de Tchin-Tchin, seul l’endroit de dépôt des denrées change pour ne pas attirer l’attention. A son retour d’Alger, les demandes de pain et de Tchin-Tchin reprennent jusqu’à ce qu’il soit arrêté sur dénonciation. Concernant le deuxième accusé, I. M, 33 ans, qui habite le même hameau isolé de Laâzib Ameukrane qui se trouve, selon les avocats, à pas moins de 10 kilomètres du magasin d’alimentation le plus proche et à 10 autres kilomètres de la Route nationale, les terroristes ne lui ont demandé qu’une seule fois de leur acheter des gants en laine et du petit-lait. Quant à M. M, 21 ans, lui, il a rencontré les terroristes de manière tout à fait fortuite sur le sentier d’Ameridj en pleine forêt alors qu’il piégeait les chardonnerets avec de la glue. Ils lui ont demandé, indique-t-il à la barre, de leur apporter de l’eau et du pain.

B. Mouhoub

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