La flamme malmenée au pays de Pierre de Coubertin

Partager

Avec le départ de la flamme d’Olympie, l’aventure des JO-2008 commence, et avec elle brillent plus que jamais les rêves de gloire des milliers de sportifs qui participeront à cette noble compétition. Que celle-ci ait lieu dans un pays où il est si peu fait considération des droits de l’Homme n’est pas nouveau. On se souvient aujourd’hui encore de ces fiers athlètes défilant dans l’Allemagne nazie de 1936, ou encore plus proches de nous, en 1980, sous le regard glacé des apparatchiks de Moscou. Dans la zizanie qui se fait entendre aujourd’hui au regard des JO de Pékin, un consensus semble désormais se dessiner : le boycott des Jeux semble peu envisageable par ces sportifs, pour qui cet événement représente une si juste récompense après bien des années d’efforts et de préparation. Champion olympique, un titre inégalable, une consécration et souvent l’aboutissement d’un rêve de gosse. L’essentiel est de participer mais pas de se taire. Certes, à les entendre, ils auraient préféré que ces Jeux aient lieu ailleurs, dans un pays où les libertés d’expression et d’association sont respectées.

Mais, si cela avait été le cas, à combien aurait pu s’élever le nombre de pays candidats? Non, en définitive, l’essentiel reste bel et bien pour eux de participer, même si, pour beaucoup, participer ne veut pas dire se taire. La victoire de certains de ces sportifs peut même a fortiori faire beaucoup d’effets. Des JO de Berlin ne retient-on pas surtout aujourd’hui la formidable performance d’un Jesse Owens, merveilleux athlète noir dont les performances ont alors fait blêmir Adolf Hitler ? Que dire alors de ce pas supplémentaire franchi en 1968, avec les poings levés de Tommie Smith et John Carlos sur le podium de Mexico ? Le sacrifice de ces derniers – tous deux ont été exclus à vie de leur fédération – n’aura pas été inutile pour la communauté afro-américaine alors en quête d’une reconnaissance internationale pour la conquête de leurs droits civiques.

Leur performance sportive, tout autant que leur courage, résonnent encore dans nos mémoires. En leur souvenir, nous ne devons plus laisser aux seuls sportifs le poids de notre conscience. Et, si l’on peut se réjouir qu’à Pékin beaucoup tenteront de faire entendre leur voix, c’est aujourd’hui d’abord aux politiques, aux instances de l’olympisme et aux sponsors de montrer que les temps ont changé.

Y. Z.

Partager