La doyenne du tapis d’Aït Hichem n’est plus

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Le tapis berbère d’Ath Hichem ou celui de Ouaghzen dont elle a créé le motif doivent leur existence à cette grande dame. Avant d’être la doyenne du tapis d’Ath Hichem, na Taous fut d’abord cette petite femme dont le seul nom évoque la sagesse et la bonne parole qu’elle avait des années durant, enseignées à ces centaines de stagiaires qu’elle avait initiées à la tapisserie.

De nature affable, et d’une gentillesse sans égal, elle a séduit tous ceux qui l’ont approchée. Elle avait toujours le mot juste pour accueillir le visiteur ou le simple citoyen qui s’adressait à elle. Lors de notre dernière rencontre, en 2005, à la Fête du tapis, elle répondait à nos questions en répétant sans cesse “a mi âzizen”. Elle nous raconta, avec lucidité, malgré son âge, toutes les péripéties de sa vie qu’elle feuilletait tel un livre.

Intarissable sur la guerre de Libération à laquelle elle avait pris part, elle racontait dans les moindres détails les batailles et mettait en évidence, non pas sa propre personne, mais ceux qui avaient combattu pour l’Algérie. Cette Algérie qu’elle portait dans son cœur. En 1962, elle allait continuer le combat en prenant sous son aile de nombreuses jeunes veuves et jeunes filles pour leur apprendre à ne compter que sur la force de leurs bras et gagner leur vie à la sueur de leur front. Elles sont, aujourd’hui, très nombreuses, ces mères et grands-mères, à pleurer, à chaudes larmes, celle qui, durant près d’un siècle, s’est dévouée à autrui. Repose en paix na Taous.

Nacer B.

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