Cinq nouveaux ouvrages au programme

Partager

En effet, le projet d’Emploi Rural (PER II), initié par la Conservation des Forêts depuis 2005, comporte dans sa nomenclature deux ouvrages de ce genre répartis sur les communes de Dirah (site de Lalouah) et Ridane (site de Merdjet Lakouass). Le programme des Hauts Plateaux compte lui aussi dans son portefeuille des actions : la construction de trois retenues collinaires dans les communes de Ridane (site de oued Ridane), Maâmora (site de oued H’maïmia) et Dirah (site de oued Chieb) dont le maître de l’ouvrage est la Direction de l’hydraulique de la wilaya. Les cinq nouveaux ouvrages sont à la phase des études et leur réalisation débutera probablement vers la fin 2008 ou au début 2009. En tout cas, les cinq unités seront d’un apport important (plus de 400 000 m3) pour ces territoires naguère connus pour leur déficience en mobilisation de l’eau. L’utilisation de l’eau sera orientée aussi bien vers la consommation domestique que pour l’abreuvement du cheptel ovin- qui fait la notoriété de la région- et l’irrigation des nouvelles parcelles arboricoles créées dans le cadre des programmes de soutien aux zones rurales. Eu égard au caractère traditionnellement pastoral des habitants de la région sud de la wilaya de Bouira, l’abreuvement du cheptel ovin a toujours constitué un enjeu de taille dans le développement du secteur de l’élevage. C’est pourquoi, tous les ouvrages hydrauliques réalisés dans la région, de même que les équipements et infrastructures de dérivation et de mobilisation des eaux, concourent à cet objectif. Sur le plan géomorphologique, le relief de la zone, fait de douces collines et de vallons plus ou moins serrés, se prête aisément à ce genre d’ouvrages. Les bassins de réception vont recevoir les eaux de précipitation provenant de Djebel Dirah et des massifs de Bousseddar et Graten.

Des leçons à retenir

Depuis 1974, année de son accession au statut de wilaya, le territoire de Bouira a bénéficié de la réalisation de vingt-neuf retenues collinaires construites aux quatre coins de ses douze daïras, généralement au piémont des collines ou dans les zones de plaine. Sur ce nombre, déjà fort modeste, neuf ouvrages sont considérés comme étant complètement hors service, autant dire définitivement endommagés, et cela pour diverses raisons liées aux techniques de construction et au choix des sites.

Le travail d’inventaire systématique effectué sur les reliefs de la wilaya au début des années 80 par des techniciens bulgares a abouti à l’identification d’une quarantaine de sites favorables à l’installation de telles infrastructures, véritables ouvrages d’appoint pour les régions mal desservies par les réseaux d’AEP ou d’autres ouvrages destinés à l’irrigation.

Au niveau de l’Assemblée populaire de wilaya, le problème de la fourniture de l’eau potable aux ménages et des foyers ruraux au réseau d’AEP constitue un véritable leitmotiv lors des sessions successives qui ont été tenues au cours des trois dernières années. La question revêt une grande part de légitimité lorsqu’on sait que la wilaya de Bouira dispose actuellement de capacités de stockage des eaux superficielles avoisinant les 850 millions de mètres cubes répartis sur trois barrages : Oued Lakhal, Tilesdit et Koudiat Acerdoune. Quant aux retenues collinaires, leur gestion a souvent subi les aléas des services de la tutelle qui sont tantôt la Direction de l’agriculture et tantôt la Direction de l’hydraulique. Les retenues non opérationnelles (30% du total) doivent leur arrêt à plusieurs facteurs dont les principaux sont le mauvais choix des sites et des imperfections techniques qui finissent parfois par faire disparaître jusqu’aux traces de l’ouvrage.

Parmi les ouvrages de ce genre que nous avons l’occasion de visiter, il y a la retenue de Ridane, à quelque 60 km au sud de la ville de Bouira. Elle est bâtie sur le site de Ouled Ali, au pied du mont Bouseddar. La digue visiblement d’ancrage latéral à tel point qu’elle est déchaussée et ses flancs sont mis à nu. L’infrastructure entière a été rayée de la carte par les torrents de montagne qui ont fini par retrouver leur ancien cours sans faire de halte sur le site de ce qui fut un jour une retenue.

Il faut savoir que, au coût actuel des travaux de génie civil- précédés des études de faisabilité et d’exécution ainsi que et de levés topographiques-, un ouvrage de cette catégorie ayant une capacité de 80 000 à 100 000 m3 peut revenir à environ 8 milliards de centimes.

L’autre exemple est rencontré à Taguedite, une commune limitrophe de la wilaya de M’Sila. La fragilité de la construction de sa digue sur Oued Tarfa a été à l’origine de l’ouverture d’une brèche au milieu de la digue de sorte à ce que le réservoir d’eau se vide définitivement.

Dans la commune de Bordj Okhriss, l’assiette de la retenue choisie à la périphérie de la ville a été intégralement envasée si bien qu’elle ne peut capter aucun mètre cube d’eau. Son bassin versant, fait de sols marneux dénudés au pied de Djebel Meghnine, a subi une érosion considérable dont les matériaux (limons et pierraille) ont colmaté le bassin de réception.

Sur les hauteurs de Hadjra Zerga, une commune steppique relevant de la daïra de Sour El Ghozlane, la retenue a été construite dans la bourgade d’El Hammam sur un terrain perméable qui ne peut retenir une seule goutte d’eau. L’autre exemple d’ouvrage défectueux est certainement celui de la commune d’El Hakimia. L’infrastructure surplombant la R.N 8 a été démolie par un torrent si bien qu’il ne reste sur les lieux que des ruines. Les performances techniques conférées à cet ouvrage n’ont pas été à la hauteur des puissances hostiles de la nature pourtant connues depuis la nuit des temps dans cette zone.

Au vu de la multiplication des échecs qui grèvent les retenues collinaires réalisées dans la région, la leçon devrait impérativement être tirée pour cerner avec exactitude les causes des défaillances, des erreurs ou des malfaçons de sorte à éviter de les reproduire dans les programmes lancés récemment.

Amar Naït Messaoud

Partager