Ce qu’il convient désormais de qualifier de “L’affaire des cimetières” commence à dévoiler ses étranges dessous qui laissent pantois le plus averti des citoyens de Saharidj et suscite surtout de l’inquiétude au vu de la tournure que prennent les évènements. En effet, le pire a été évité de justesse ce début de semaine quand une foule nombreuse, composée de plusieurs villages de la commune est venue dès la première heure d’ouverture bloquer l’entrée principale du siège de la mairie, une foule chauffée à blanc qui vient en “découdre” avec les responsables de l’APC suite à l’intervention des agents des services de forêts ce week-end au niveau du lieu dit “Achaïvou” où ces villageois s’affaireient depuis plus d’un mois à défricher et à aménager des terrains en vue d’en faire des cimetières.
Les services des forêts, après bien des hésitations, ont, à travers leurs agents, intimé l’ordre à ces citoyens d’arrêter les travaux et d’évacuer les lieux. Ces citoyens forts de “l’autorisation verbale” que leur a donnée l’APC, selon leurs propres dires, qu’ils ont enduits en erreur, ont compris que le seul organisme qui a des prérogatives sur ces terrains sont bien les services des forêts, un éclaircissement qui arrive avec énormément de retard, soit après que ces villages aient engagé d’énormes dépenses dans la location d’engins de travaux publics, avec lesquels ils ont travaillé durant des semaines entières, d’où le courroux de la population qui est allée demander des explications aux responsables de l’APC. Le maire étant absent et n’était-ce la sagesse de quelques personnes âgées, ce mouvement de la foule se serait transformée en émeutes, une foule qui ne s’est dispersée qu’après avoir arraché une autre autorisation verbale de l’un des élus présent.
Abordé sur le vif, cet élu nous répond qu’il a improvisé dans l’urgence pour éviter la casse, et compte faire appel aux sages du aârch Imchedallen pour dénoncer cette accadabrante affaire des cimetières qui n’a pas encore dvoilé tous ses secrets. Pour rappel, une première cession de terrains d’un hectare et demi a été accordée par les services des forêts destinés à la création d’un “cimetière communal”, comme stimulé dans le procès-verbal signé conjointement par les parties concernées, soit l’APC et les forêts.
Ensuite, ce terrain a été octroyé à un seul village. Dès que ce dernier a commencé l’aménagement, tout le reste des villages de la commune se sont précipités pour accaparer d’autres parcelles au même endroit d’un hectare et demi.
On est arrivé à avoir cinq hectares défrichés et ce n’est que le début; d’autres villages vont selon une persistante rumeur qui circule, se manifester pour avoir leurs parcelles. Au moment où l’APC se débat et étouffe sous l’énorme déficit en matière de terrains qui freine tout progrès ou développement de la localité- qui est parmi les plus pauvres de la wilaya- à titre d’exemple, la bibliothèque communal a mis exactement cinq ans puor se voir enfin octroyer un terrain d’assiette. Les 100 locaux du président ont été abondonnés à cause de ce même problème de terrain et l’on découvre subitement qu’on a cinq hectares de terrains qu’il faut transformer en cimetières dans une commune de 12 000 âmes et destinés à des villages qui ont déjà chacun son propre cimetière. Le cimetière d’El Alia de la capitale n’a pas bénéficié d’une telle surface.
Contactés les services des forêts nous expliquent : la sous-estimation des dégâts en raison de la nature du terrain défriché (tranché par feu), effectivement, mais loin d’être nu car non nettoyé depuis les années 80, soit dès l’acquition du matériel nécessaire de lutte contre les feux de forêts.
La végétation a eu largement le temps de repousser. Et quelle végétation ? Du chêne vert et de la bruyère. Les quelques dizaines de pins d’Alep adultes miraculeusement épargnés par les haches de ces villageois déchaînés en sont la preuve la plus crédible de la reprise fulgurante de la végétation en ces lieux. C’est bien dommage pour Achaïvou au moment où toute la planète se lance dans des opérations d’envergure de reboisement. En attendant, souhaitons que les éternels manipulateurs et récupérateurs de ce genre de mouvements de foules ne viendraient pas mêler leur grain de sel. Il n’y a pas une minute à perdre : les autorités locales doivent prendre au sérieux ce problème et le résoudre sans délai ; il n’y a rien à gagner à le laisser pourrir bien au contraire.
Omar Soualah
