Le dur métier de correspondant

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“Veuillez prendre attache avec la cellule de communication de la wilaya.” Cette phrase revient souvent avec presque la même fluidité dans la bouche de certains responsables exerçant au niveau des directions de l’exécutif de wilaya. Pour avoir des statistiques, des données, des informations parfois banales mais nécessaires pour étoffer un article, la gymnastique est rude. Parfois, des demandes formulées avec en-tête de l’organe de presse pour demander une audience au premier responsable d’un secteur quelconque demeurent sans réponse. Autant dire un mépris envers la presse à moins qu’il ne s’agisse d’une contrainte supplémentaire pour nous empêcher de divulguer une information qui pourrait porter préjudice à un haut responsable. La communication entre les gens de la presse et les fonctionnaires, aussi hauts placés soient-ils, passe difficilement et nous en avons fait l’amère expérience à maintes reprises. “Pouvez-vous nous dire de combien de postes de pré-emplois la wilaya a bénéficié? Comment se fait-il que des demandes de pré-emploi reçues en 1999 n’aient toujours pas été traitées? Pourrions-nous accéder aux résultats des concours récemment organisés pour savoir sur quels critères les candidats ont-ils été reçus?” Autant de questions qui fâchent et auxquelles il n’est pas aisé de répondre pour un responsable sans avoir consulté au préalable certains dossiers. Afin de ne pas brusquer les choses et surtout de ne pas s’attirer les foudres de l’administration, le journaliste se voit contraint de s’en référer à la fameuse celluele de communication qui organisera un point de presse relatif au sujet. De ce fait, les confrères, une fois informés de l’évènement, il n’est pas rare d’assister au lendemain de la conférence de presse au traitement de l’information par bon nombre de quotidiens. Qu’est donc réellement une cellule de communication ? Son rôle se limiterait-il à organiser des rendez-vous de presse ? Pourquoi, on se le demande avec insistance, les directions de l’exécutif de wilaya ne disposeraient-elles pas de cellules de communications indépendantes, comme c’est le cas d’ailleurs avec de grandes entreprises étatiques telles la Sonelgaz et autres ? Le régime spécifique du journaliste adopté avant-hier par le conseil du gouvernement est un acquis certes, mais peut-il résoudre l’énigmatique centralisation de l’information ? Cette rétention de l’information qui ne dit pas son nom est monnaie courante à travers l’ensemble des wilayas du pays et parfois même il faut s’adresser au ministère de tutelle pour avoir des renseignements ou carrément une autorisation pour accéder à un établissement. Le rôle premier du journaliste est de rapporter le plus fidèlement possible l’information, mais toutefois en publiant nos informations, nous oublions sciemment de dévoiler les péripéties et les entraves administratives qui jonchent le parcours de l’information. La cellule de communication est certes un endroit idéal pour nos confrères ne disposant ni de téléphone, ni de fax, ni de bureau pour rédiger leurs articles, mais faudrait-il considérer et encore pire traiter pour autant l’ensemble de la corporation sur le même pied d’égalité ? Quelques rédactions régionales de certains titres de la presse nationale disposent de bureaux et de fax, pourquoi donc centraliser l’information et la confnier dans une cellule de communication qui au demeurant n’est qu’un confrère de plus, disposant également de moyens rudimentaires pour exercer son métier ? Les journalistes, les correspondants et l’ensemble du microcosme de la presse nationale sont en doit d’exiger que l’information leur soit divulguée en temps réel, sans entrave et sans passe-droit. Le régime spécifique dont ils viennent d’être dotés sera-t-il en mesure de répondre à leurs aspirations ?

Hafidh B.

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