Le tribunal d’Amizour a rendu son verdict dans l’affaire opposant Hakim Messaoudi au policier Ouazène Nouari. Très attendu puisqu’il constitue une première dans les annales, sa portée reste cependant assez difficilement lisible dans le cadre général de la crise de Kabylie et de la revendication de jugement des agents de l’Etat impliqués.Le policier est condamné au civil, mais n’écope pas d’une peine privative de liberté.Il est condamné à 2 000 DA d’amende et l’Etat, à travers le trésor public, est désigné comme responsable des frais découlant de l’application de ce jugement, notamment en ce qui concerne la compensation du préjudice subi par la partie civile. Le juge commet un expert pour évaluer l’incapacité physique de la victime.Le parquet avait requis un an d’emprisonnement ferme et une amende de 5 000 DA à l’encontre du policier lors de l’examen de cette affaire, il y a une semaine (voir La Dépêche de Kabylie, du 23 février denier). Il a désormais selon, les procédures, dix jours francs pour interjeter, éventuellement, appel contre ce jugement. En l’occurrence, cela indiquerait que l’Etat tient absolument à ce qu’il a requis en procès : l’incarcération du policier coupable de “bavure”.La partie civile représentée par Mes Hamma et Boumaza a comme il fallait s’y attendre, le triomphe en demi-teinte. “Le principe d’une condamnation est acquis, sa consistance relève du pouvoir régalien du juge. Autant nous sommes satisfaits sur l’aspect civil”, “autant nous nous réservons quant à l’aspect pénal de cette affaire”, déclarent-ils. Les deux avocats d’Amizour indiquent être prêts à procéder à une concertation avec le procureur pour l’interjection en appel si toutefois tel est le vœu de la victime. Présent hier matin à la cour de Bgayet où siège provisoirement le tribunal d’Amizour, dont le bâtiment a été démoli lors des évènements du Printemps noir, Hakim Messaoudi n’avait pas l’air d’avoir bien évalué la portée du verdict. ce n’est que dans l’après-midi qu’il consent enfin à un commentaire téléphonique. “Je suis choqué, dit-il, que celui qui m’a tiré une balle dans le dos ne passera même une nuit en prison”. “Je ne sais pas encore si je dois interjeter appel ou pas”, ajoute-t-il.Le 19 novembre 2002, il assistait à un paisible meeting des archs sur lequel les policiers d’Amizour avaient fondu sauvagement. Notre correspondant local, présent au moment des faits, déplore un pare-brise brisé et décrit une situation où la gratuité de la répression le dispute au cynisme des policiers (Voir La Dépêche de Kabylie du 23 février). Dans la mêlée, Hakim Messaoudi détale à toutes jambes tout en se retournant par moment pour surveiller le policier Ouazène, que tout le monde connaît à Amizour, qui le file au train. Puis c’est le moment fatidique, une balle atteint Hakim à la cuisse gauche. Il avait bien identifié son bourreau et décidé d’empreinter les voies de la justice pour obtenir réparation.
M. Bessa
