“On n’a pas un vrai financement en Algérie”

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La Dépêche de Kabylie : Le film documentaire est considéré comme le parent pauvre du cinéma algérien. Cela est dû à quoi selon vous ?Malek Bensalem : C’est le parent pauvre du cinéma algérien, certes, mais c’est le cinéma pauvre du cinéma mondial aussi. Maintenant, ça a changé, il y a une brèche autour du documentaire au niveau international, puisqu’on a même vu que le film de Mikhaël Moore a obtenu le Palme d’or il y a deux ans de cela.

Y a-t-il nécessité de faire des films sur la cinéma réel ?Si, car on dit que peut-être, il y a un intérêt de la part des institutions de se préoccuper un petit peu de ce qui se passe dans la réalité sociale et politique du pays. Donc, l’Algérie va suivre. Je pense que cette dynamique-là va impulser une nouvelle génération de cinéastes, qui fera peut-être plus de films documentaires. Donc, ça reste le grand parent pauvre d’un pays comme l’Algérie parce que je pense encore que nous sommes dans une problématique politique où les pouvoirs publics ont un petit peu peur de cette relation documentaire parce que finalement on dévoile la réalité des choses et qui ne sont pas effectivement très belles, car les réalités sociales et économiques sont difficiles. Ce n’est pas pour dire que l’Algérie c’est l’enfer, mais je pense que le documentaire est là pour porter des sujets censés accompagner socialement les Algériens dans leurs difficultés. Je crois qu’on a un devoir qui serait justement de montrer du doigt ce qui ne va pas.

Dans quelle mesure l’handicap du financement du film documentaire constitue-t-il un obstacle pour son développement ?Ca constitue un handicap dans la mesure où pour l’instant il n’y a pas de financement pour le documentaire…

Mais y a-t-il une demande persistante de la part des cinéastes ?On a sollicité des financements, mais on a beaucoup de difficultés à collecter des financements en Algérie. Sur l’ensemble de mes films, on a fait beaucoup de demandes à part de petites choses qui sont des coproductions qui ne sont pas des vrais financements mais qui sont plutôt des arrangements, on n’a pas un vrai financement en Algérie (…). Il y a un manque d’une structure qui permet d’accueillir des projets, de les lire, de savoir a qui on va les donner, et si les projets peuvent être refusés. Ce qui pousse, pour tous les cinéastes bien sûr, à aller demander des financements à l’étranger.

Si l’on revient au développement du cinéma en tant que art, dans quelle mesure l’action des cinéastes peut-elle y contribuer justement ?Quand on a des institutions qui sont sourdes pendant des années, qu’est-ce qu’il faut faire ? Est-ce qu’il faut continuer à faire des films, ou à se politiser ou alors perdre le fil du vrai travail de cinéaste que de faire des films ? Est-ce qu’il faut perdre beaucoup de temps à aller au ministère de la Culture et essayer de faire des choses, alors peut-être. Mais, est-ce que ça ne serait peut-être pas plus une fédération qu’il faut peut-être créer. Je sais qu’il faut faire bouger les choses, oui mais, pour le moment, je sais que mon travail, c’est de faire des films et que je n’arrêterai pas de les faire.

Propos recueillis par K. S.

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