“Le trabendo est le socle de l’islamisme”

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Amara Benyounès, secrétaire général de l’UDR, était l’invité de l’émission “Point de vue” de BRTV. Ainsi toute une palette de thèmes a été abordée, sur laquelle le numéro 1 de l’UDR en personnalité politique avertie, a tenu à répondre avec soins, mais surtout avec cette précision d’idée, qui lui a permis d’en convaincre et lever toutes les zones d’ombre sur des questions brûlantes, à la fois posées à la Kabylie comme à l’Algérie entière. M. Benyounès s’est montré très serein et persuadé que la voie qu’il s’est fixée est la mieux indiquée par les exigences de l’heure, pour enfin réhabiliter un certain nombre de valeurs garantes d’une pratique politique démocratique, qui consacrera à jamais les lois de la République dans la trajectoire de la modernité et du progrès, sans cela, selon lui, la mondialisation en vogue risquera de neutraliser les retardataires.D’emblée, le secrétaire général de l’UDR s’est longuement attardé sur deux volets qui lui tiennent à cœur. La crise de Kabylie ainsi que la menace islamiste et terroriste ont eu la part du lion lors du débat.

La Kabylie préoccupe M. Benyounès Sur la question, communément appelée crise de Kabylie, le n°1 du parti de l’UDR a été incisif et sans détours, puisque le dialogue, en cours depuis plus de 3 mois entre le Mouvement citoyen et le chef du gouvernement, est qualifié de positif et de marche civilisée porteuse de solutions. Des résultats concrets de cette entreprise ne seront connus et palpables, qu’une fois le protocole d’accord paraphé par les deux parties, qui interviendrait dans les prochains jours et d’ajouter que la défiscalisation déjà engagée illustre le cachet crédible du dialogue, ainsi que la volonté d’éradiquer la crise en Kabylie, que seuls ceux sur place ressentent avec douleur.Revenant sur les élections partielles en vue en Kabylie, que le ministre de l’Intérieur et le chef du gouvernement prévoient d’ici l’automne, M. Benyounès considère que cela ne doit pas être une fin en soi, et que ce qui se passe en Kabylie ne peut être réduit à une affaire de vote.En ce sens, M. Benyounès propose des élections générales anticipées et dit que les députés de Kabylie sont beaucoup moins légitimes que les maires. Chiffres éloquents avancés par M. Ouyahia, les P/APC de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira qu’on a tendance à exclure du débat, ne sont pas représentatifs dès lors que le nombre de candidats dans certaines mairies dépasse le nombre d’électeurs. Non sans omettre de dire que les conditions politiques en 2002 en Kabylie étaient tellement complexes, que ceux partis en compétition (entendre par là le FFS qui détient la majorité actuelle) sont libres et souverains dans leur choix, mais à côté de cela, le verdict de la population est plus souverain que celui d’un parti. L’éventualité de la participation de l’UDR aux futures joutes, n’est pas exclue, et selon M. Benyounès le boycott est banni du lexique politique de l’UDR.Les populations de Kabylie, comme ailleurs sont plus que jamais sommées de porter leur choix sur de véritables représentants, qui travailleraient qualitativement leur quotidien et actions de proximité. La Kabylie gérée, maintenant depuis plus de 15 ans, par les partis locaux traditionnels, a montré sa limite dans la gabegie qui a frappé les collectivités locales. Un souffle nouveau est plus que nécessaire, le choix des hommes porteurs d’options inédites est recommandé. La région qui a versé dans des fléaux, jusque-là jamais connus par les populations, est poussée dans une dangereuse régression génétrice de violence et de marginalisation, il est temps de l’affranchir de ces mailles suicidaires et mérite une meilleure destinée. Et ceux-là mêmes, réduits en peau de chagrin, qui lui imposent un état de ni guerre ni paix, sont définitivement démasqués, car se nourrissent d’une Kabylie chaotique et délétère. Les populations ont choisi leur camp, ou du moins fait une identification précise des charognards pyromanes que même le dialogue en cours au service de la paix et de la stabilité, lui cherchent des impasses et le discrédit. Or à la commémoration du 20 avril, depuis 25 ans, les commerçants ont su à quel son de cloche répondre, et la marche organisée par les anti-dialoguistes sponsorisée par un parti politique, en est la preuve d’un échec cinglant et d’une Kabylie qui se restructure.Sur la question de tamazight, M. Benyounès étaye son propos en s’appuyant même sur l’approche de spécialistes en la matière, qui voient impossible l’officialité de la langue dans les limites nationales actuelles. Il propose donc une officialité régionale, ce qui l’amène à faire du système fédéral son credo à l’UDR, en perspective de la réforme de l’Etat dans sa nature jacobine et centralisée, approche en totale opposition avec celle du MAK, qui raisonne strictement sur la Kabylie. M. Benyounès avoue que la question identitaire a connu de considérables avancées et rappelle qu’en 1994/95, il a mené une farouche campagne avec Ould Ali El Hadi sur le boycott scolaire, expliquant pédagogiquement la portée de cette opération. 4 ans après, le miracle est réalisé, tamazight est dans la Constitution.L’UDR, qui soutient sans calcul le président Bouteflika, livre une autre approche de faire de la politique. L’UDR ne se lance pas dans une alliance honteuse, encore moins ne développe pas un discours à la carte, sa dynamique est caractérisée par de la transparence, et les décisions prises sont consensuelles et démocratiques dans les structures du parti présent dans 48 wilayas et structuré dans 37, plus l’émigration.M. Benyounès, répondant à une question sur les libertés syndicales, affirme encourager le pluralisme comme c’est le cas en politique et dans les médias. Comme il déclare, que la place de Benchicou ne doit pas être en prison, où il purge déjà une année. Lâché par ses soutiens avec qui il a roulé politiquement lors de la campagne électorale, à telle enseigne que des regroupements pour sa cause arrivent à rassembler seulement des dizaines de personnes à la Maison de la presse.

Les forces de sécurité mènent un bon travail, l’islamisme politique à interdireC’est sans gants que M. Benyounès réplique à l’interrogation sur l’islamisme, dans sa version militaire et politique. La lutte antiterroriste engagée par l’Etat algérien ne souffre pas du moindre doute. Ouyahia et Bouteflika sont plus que déterminés à en découdre avec les groupes armés où les poches restantes du terrorisme. Le terrorisme est militairement vaincu par les forces de sécurité algériennes qui combattent sans relâche et assènent des coups très durs aux terroristes. Cela dit, l’invité de “Point de vue” extrapole sur le terrain politique, qui, dit-il, il ne faut pas permettre à l’expression politique islamiste de faire un retour. En dépit du contenu, non encore rendu public, M. Benyounès considère que les convictions actuelles de l’Algérie rendent possibles la réconciliation, car le rapport de force est foncièrement inversé en faveur des forces de progrès. Le principe même de la réconciliation ne peut provoquer des discordes, puisque, dira-t-il, cela amènera la stabilité et la paix, quel est l’Algérien qui s’opposerait ? Tout en précisant, en rappelant la déclaration du président de la République, que les mains tachées de sang auront affaire à la justice algérienne, c’est à cette condition que le pardon de l’amnistie serait acceptable.M. Benyounès établit vite le rapport entre la lutte antiterroriste et celle contre le trabendo. Le trabendo est le socle financier de l’islamisme armé, l’argent des rackets et des dépossessions opérées contre les populations. Là-dessus, M. Benyounès a été très clair, si le double combat n’est pas mené comme il se doit, le risque de financement des campagnes électorales futures est plus que plausible, surtout pour les présidentielles, qoù en aucun cas, il faut donner l’occasion aux islamistes de briguer ce mandat. Comme il attire l’attention de l’aspect délicat et complexe de la réconciliation nationale qui ne doit aucunement faire objet de supercherie ou de marchandage. Et d’affirmer que le chef du gouvernement actuel ainsi que le président de la République, sont déterminés à mener à bien ce projet pour le bénéfice de la République, sans hypothèque des idéaux de démocratie et de modernité, tient-il à souligner.

Khaled Zahem

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