Colères non structurées à Bouira

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Il ne se passe quasiment pas un jour sans que nos correspondants couvrant les différentes communes de la wilaya ne nous font parvenir un papier informant d’un conflit opposant l’employé à son employeur. Cela va de la protestation contre le retard dans la perception des salaires jusqu’à la dénonciation de  » la gestion de l’entreprise « . En la matière, les employés de Cosider et ceux recrutés par les sociétés de gardiennage battent le plus le pavé de la contestation. A ce propos, la dernière colère en date ‘’rendue publique’’ par les agents de sécurité et les employés de Cosider remonte au début de la semaine en cours (voir nos éditions d’hier et celle d’avant-hier).

Même s’ils sont médiatiquement les plus turbulents, la grogne conflictuelle ne se limite pas aux seuls employés de Cosider et ceux des sociétés de gardiennage. Le corps de l’enseignement est aussi omniprésent sur le terrain de la contestation. Les plus revendicatifs et les plus présents sur le parvis du siège de l’Académie sont les contractuels de l’éducation (enseignants, travailleurs et conseillers pédagogiques). Ceci s’agissant d’employés identifiés et se reconnaissant dans une structure syndicale ou, du moins, organisés en collectif avec un porte-parole et la sacro-sainte plateforme de revendications.

A côté de ces protestations plus ou moins organisées, des colères non structurées et livrées à elles-mêmes crient à la hogra dans… les bureaux de presse, les seules oreilles à l’écoute de leurs revendications plus que légitimes.

A ce sujet, nous retenons la colère de ce groupe d’ouvriers du bâtiment sous-payés, non déclarés à l’assurance et auxquels l’employeur refuse un congé. Nous retenons aussi le courroux de ces patriotes père de famille qui en veulent à la République qui leur a tourné le dos. Ils survivent avec une “pension’’ qui ne dépasse pas le salaire minimum. Quelques-uns parmi ceux qui nous ont rendus visite vivent avec une balle terroriste dans le corps. « Les repentis sont mieux lotis que nous », n’en revenaient-ils pas. Où est l’employeur et où est l’employé, dans ce cas de figure? Une chose est sûre : il y a conflit, un conflit lourd de conséquences.

Hier encore, des jeunes de la région est de Bouira ont observé un sit-in devant une entreprise implantée à Ahnif(voir article de Messad Kaci). Les jeunes, des chômeurs, demandaient à être recrutés.

Pour toutes « ses victimes », les luttes syndicales sont loin d’être une des préoccupations essentielles. Pour elles, le syndicat est une structure ressemblant un peu à un parti politique n’agissant et ne réagissant “spontanément” qu’à l’approche d’un scrutin. Tout cela n’empêchera pas les facteurs de Bouira de célébrer demain la Fête des travailleurs, ces travailleurs dont le pouvoir d’achat est érodé depuis plus d’une décennie, au moment où le baril de pétrole dépasse allègrement le seuil des 100 dollars.

T. Ould Amar

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