Agenouillé face à son » petit trésor « , feuilletés par une légère brise faisant crisser le feuillage des arbres. Dans la tête de Salim défile, alors, toute son enfance : enfance des plus malheureuses après le décès de son père, lâchement assassiné par les hordes intégristes, alors qu’il n’avait que huit ans ! Sa vie et celle de sa famille, a basculé, depuis pour tourner au cauchemar. Son sort pris, alors, comme destination… l’incertitude. Tout au début, sa malheureuse maman, en plein désarroi, a dû déménager de leur bourg, laissant tout derrière, pour aller vivre dans un bidonville non loin de la capitale, en quête d’un refuge où elle se sentirait en sécurité, elle et ses enfants. Dépaysé, perturbé dans sa tendre enfance, Salim a finit par être happé par la déperdition scolaire. S’étant retrouvé à l’abandon, il a dû exercer, encore enfant, de petits métiers pour contribuer à subvenir aux besoins de sa nombreuse famille (trois frères et trois sœurs). Face à son petit trésor, marquant une halte en son for intérieur, il songe à la vie paisible qu’il aurait pu et dû avoir, tout comme les nombreux bambins de son âge qu’il croise dans la rue au quotidien…
Au bout d’un moment, sous le regard vague des passants, il ramasse les livres un à un pour les remettre dans le sac ; Il s’en va, son petit trésor sur le dos, d’un pas lourd et l’air pensif. Caressant le rêve brisé de sa tendre enfance, tout en se demandant combien sont-ils, ceux, qui n’ont pas eu la chance de vivre leur enfance, auprès de leurs parents, au sein d’une cellule familiale stable, de poursuivre leur scolarité dans un environnement propice à leur épanouissement ?
Ahmed Kessi