“Le Festival de la chanson amazighe s’inscrit dans le développement de la culture”

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La Dépêche de Kabylie : M. Badreddine, sur initiative de la Chaîne II, la Radio nationale vient de lancer le Festival national de la chanson d’expression amazighe, appelé communément « Naissance de bébé », quel est votre sentiment à ce sujet ?

Mohamed Badreddine : Personnellement, je suis très content du lancement du Festival de la chanson amazighe qui a vu son jour de naissance, et qu’on a appelé communément « Naissance de bébé ». Mais l’on doit impérativement travailler davantage et prendre soin de son développement et sa valorisation dans le temps et l’espace. Quoique le plus important pour le moment reste sa naissance. Maintenant que tout le monde sait et connaît les objectifs, de quoi il s’agit, il y a eu des échos positifs venus de partout, et c’est important. Ça c’est notre premier constat, restent les insuffisance relatives à la participation, mais nous n’avons pas voulu une plus large participation du moment que c’est la première édition. Par contre, ce qui nous a motivé pour son lancement, c’est la présence des différentes régions du pays avec des artistes et chanteurs d’expression amazighe. C’est vrai aussi qu’il n’y a pas eu une large présence du public, mais il ne faut pas oublier que nos auditeurs sont ceux qui nous écoutent à travers les ondes. C’est vrai aussi qu’il y a certaines voix absentes dans ce festival. Nous dirons que nous avons invité d’autres artistes aussi qui ne sont pas venus pour des raisons qui les concernent, mais il reste que nous ne leur en voudrons pas, du moment que le festival été programmé dans la semaine, ce qui n’a pas permis à certains d’être présents, cela dit, nous ne sommes pas arrivés à rassembler le nombre d’artistes et chanteurs voulu. Ce qui pourrait être considéré comme une insuffisance. Il y a aussi les trois jours programmés à l’occasion, ce qui peut paraître comme insuffisant aussi, mais nous avons choisi de commencer le festival peu à peu, du moment que c’est une première édition, donc beaucoup de choses restent à faire pour une réussite de ce festival, mais nous ferons du prochain festival de la chanson amazighe un festival au sens propre du mot, il y aura un jury professionnel, un commissaire, des chanteurs amateurs avec des jeunes talents à lancer, des hommages, des compétitions, des réflexions sur la chanson amazighe, des conférences-débats, voilà ce que nous espérons et souhaitons faire l’année prochaine, et à l’occasion, nous lançons un appel à la ministre de la Culture et à tous ceux qui activent dans le secteur de la culture, les créateurs, les militants de la culture amazighe de façon générale. Mais pour cette première, le fait de rassembler les différents artistes et chanteurs qui représentent les quatre coins du pays, dont la chanson chaouie, kabyle, mozabite, terguie, chenouie. Il y a des chanteurs qui sont passés pour la première fois sur les ondes de la Chaîne II, comme par exemple, Akli D., qui arrive de France, la découverte du groupe chenoui Ighilassen de la région de Tipaza, le chanteur tergui Bay de l’Ahagar, venu de Tamanrasset, etc., comme nous sommes arrivés aussi à créer ce lien si important de communication entre les différents médias avec ces artistes et chanteurs représentant les variantes de la chanson amazighe issue des quatre coins de l’Algérie. Il y a eu aussi entre autres, le chantre de la chanson kabyle Akli Yahyathen avec son grand apport d’anciens chanteurs depuis les années 50, sans oublier l’apport précieux de la Télévision nationale qui a filmé tous les festivals de la chanson amazighe, ce qui restera dans les archives pour les générations futures. Tout cela veut dire qu’il y a un grand travail qui nous attend et chacun doit s’y mettre pour la sauvegarde, la promotion et le développement de la chanson amazighe dans toutes ses variantes en particulier et algérienne de façon générale. La chanson amazighe a dépassé les frontières en allant s’imposer qualitativement sur la scène internationale. Après tout le travail que l’on a fait dans ce festival, je crois qu’il faut le voir dans sa vision large et de valorisation.

Y aura-t-il des approches de motivation par des prix à l’avenir ?

C’est ce que nous souhaitons à l’avenir, avec un système de compétition et de prix, qui permettront la découverte et l’encouragement des jeunes talents, mais, il y aura également des hommages et reconnaissances pour les anciens qui ont beaucoup donné à la chanson amazighe. C’est une chose impérative et cela est très facile à réaliser. Mais actuellement, l’on ne peut pas devancer les choses, du moment qu’il s’agit d’une première édition. Le plus important pour le moment, c’est que toutes les parties concernées avec lesquelles on a discuté ont accepté et encouragé le projet, d’autant plus qu’il représente la promotion, la sauvegarde et le développement des valeurs culturelles et artistiques du chant amazigh dans notre pays. Le moment est venu de lancer et d’expliquer clairement les objectifs de cet événement, les autres questions nécessaires relatives à son organisation et son développement viendront.

L’absence d’Imazighen de Zenata de Tlemcen et celle d’autres régions amazighophones ont été remarquées…

C’est vrai qu’il y a des régions du pays qui n’ont pas été représentées dans ce festival. D’ailleurs il n’y a pas que Zenata de Tlemcen, il y a aussi Adrar, In Salah (le chanteur Ben Cheikh de In Salah a même rendu un grand hommage à l’équipe de la JSK en tergui), mais les grandes figures de la chanson amazighe ont été présentes, dont Akli Yahyathen, Djamel Sabri du groupe les Berbères, Auchidhan du M’zab, Akli D. de France qui est passé pour la première fois à la Chaîne II, Ighilassen de Tipaza, Bay de l’Ahagar et bien d’autres. Nous avons aussi invité le chanteur Adel M’zab, très connu à Ghardaïa, nous avons invité d’autres aussi mais pour des raisons qui les concernent ils se sont excusés, malheureusement il n’ont pu venir, et nous ne leur en voudrons pas, c’est normal que chacun ait des obligations et le chant amazigh ne se limite pas aux invités seulement, mais il possède une grande richesse et variété que nous aurons à découvrir dans le festival à l’avenir. Nous avons rassemblé pour l’instant l’essentiel pour le lancement du festival, et les échos que nous avons eu sont positifs.

Etes-vous optimiste pour l’avenir du Festival de la chanson amazighe ?

Lorsque l’on constate les échos parvenus de part et d’autre durant tout le festival, l’on peut être tout à fait optimiste. D’abord la diversité artistique du chant amazigh dans toutes ses variétés est d’une très grande richesse. Et en tant que Radio nationale, nous avons la noble mission de contribuer à la promotion et au développement de la culture amazighe. La culture est le prolongement normal et naturel de notre action d’information et nous pouvons dire que c’est notre vocation même. Cela dit, nous pouvons aider et contribuer pleinement à l’enrichissement et au développement de la culture artistique du chant amazigh dans toutes ses variétés et diversités.

Mass Mohamed Badreddine, quelque chose à dire en conclusion ?

Je tiens à rendre un grand hommage à tous ceux qui ont répondu positivement à cet événement culturel et artistique du chant amazigh. A leur tête, le directeur général de la Radio algérienne, Azzedine Mihoubi de même qu’aux différents groupes et chanteurs qui ont répondu favorablement et sans hésitation aux invitations.

A tous les acteurs et participants de près ou de loin qui ont aidé au lancement de cette première édition, comme je rends hommage aussi au grand public, à la presse et remercie pour tous à les soutiens et messages de sympathie qui nous sont parvenus.

Entretien réalisé par Amar Chekar

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