Une organisation, des milliards et des espoirs

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En effet, un peu partout ailleurs en Kabylie, le mode d’organisation et de vie communautaire s’estompe avec le temps, à Djebla ce n’est pas le cas. Dans ce village à vocation agricole, l’on sauvegarde jalousement les traditions, l’organisation et l’union des ancêtres. Ce «patrimoine» légué par les anciens est toujours utile, pour garantir une meilleure ambiance dans la cité, où chacun trouve sa place parmi les siens. Cette organisation est menée sous la houlette du comité de village. Composé de délégués appelés «Tamen» qui représentent les différents quartiers. ce mode de vie a donné des effets positifs à toutes les occasions que ce soit durant les événements de Kabylie, où la jeunesse révoltée a été canalisée et bien guidée que ce soit lors des événements du terrorisme, où la citée a été «interdite» aux groupes terroristes, malgré les multiples tentatives d’immersion où que ce soit dans le maintien d’une sécurité interne au village, ou d’assurer à ce dernier un certain développement par la réalisation de plusieurs infrastructures et projets, au bénéfice des jeunes et des autres franges de la population du village.Le village est distant de près de 3 km de Tikobaïne, chef-lieu de commune de Ouaguenoun, pour se rendre au village il n’y a qu’une seule route à emprunter. Il y a quelques années, était une cité, inconnue et oubliée car arrivé à Djebla c’est le terminus. Et les routes qui mènent vers les autres localités limitrophes sont dans un état impraticable.En ces temps, le village n’est connu que par les gens, en quête de produits agricoles dans la structure CAPS, datant des années de la fameuse Révolution agraire. Aujourd’hui de cette structure, il ne reste que les vestiges qui témoignent de ces années d’euphorie et des faux espoirs de la révolution socialiste de Boumediene.Depuis l’an 2000, le village est sorti de l’anonymat, et ce, après la réalisation d’un institut national de formation professionnelle et d’un lycée.Pour mieux connaître ce village, Hamid nous a invités à une rencontre avec le comité du village. Il est 20 heures passée pour rentrer dans les locaux du comité, il faudra traverser la cour de la mosquée. Ici, tout a été réalisé par les villageois eux-mêmes. On y trouve en plus de la mosquée, une maison de jeunes, une bibliothèque, un stade, une salle de karaté etc. Tout cet espace constitue en quelque sorte la placette du village.Le bureau du comité a été installé dans une grande salle rectangulaire. On y trouve des armoires, un tableau d’écoliers, un micro-ordinateur, des portraits et un drapeau. C’est le PC du village.Ce soir, en plus de Hamid, notre accompagnateur, et qui est membre du bureau, il y a la présence de trois autres membres qui sont en réunion de travail. «Cette organisation nous a été légués par nos ancêtres. Nous faisons tout pour la maintenir et l’adapter aux évolutions et aux exigences de l’heure», nous dit le président du comité.Le comité est soumis à un grand rythme de travail, des comptes-rendus, des études des cas, de contacts avec les autorités, de règlement des conflits. Le bureau est un point qui est tout le temps occupé. L’organigramme de l’organisation du village donne des prérogatives aux différentes commissions de se réunir et de faire le suivi des affaires qui leur sont confiées. Les décisions finales sont prises lors de la réunion du bureau au complet, on convoque une assemblée générale lorsqu’il s’avère nécessaire.Depuis l’installation d’un nouveau chef de daïra, les choses ont commencé à changer. «Le nouveau chef de daÏra est à notre écoute et il nous a promis de nous aider», nous dit un membre du comité.Après de multiples tractations, les villageois ont arraché un important projet qui visiblement a suscité en eux de l’enthousiasme et de la vivacité. Il s‘agit d’une promesse d’une enveloppe financière de l’ordre de 4,3 milliards de centimes, débloquée dans le cadre du développement urbain.En effet, dans la perspective de l’élargissement du centre urbain du chef-lieu et vu la rareté de terrain domanial dans cette localité, les autorités ont projeté de faire de Djebla une cité urbaine rattachée au chef-lieu et ce, en plus d’un autre centre urbain, créé à Tamda.Cette enveloppe, nous a-t-on informé sera consacrée à la réalisation d’éclairages publics de trottoir, le revêtement des routes et d’autres réalisations d’utilités publiques.«D’ici 2009, une superficie de 7,8 ha, qui se situe dans le village sera aussi consacrée à la réalisation de plusieurs centaines de logements», nous a-t-on indiqué.En plus des projets que l’Etat réalise, grâce à la dynamique du comité, les villageois réalisent aussi des choses avec leurs propres moyens. Ces exemples de réalisations suscitées. Sont la fierté du village. Les moyens humains ce sont les volontariats appelés «tiwizi» qu’on organise pour réaliser des travaux. Les moyens financiers proviennent des quêtes des villageois particulièrement, la communauté immigrée du village, qui contribue énormément aux caisses du village. Pour mieux assurer leur organisation, un autre bureau lié au comité de village existe en France.En plus de la contribution suscitée, le bureau de France s’occupe de toutes les affaires et des relations entre les enfants du village installés en Outre-mer. Devant la prolifération, des agressions et de la déliquiscence, les responsables du village ont élaboré un règlement intérieur pour maintenir la stabilité et la paix dans la cité. Lesdites lois, ont trait à la fermeture des magasins et des cafés le soir, l’interdiction de vente d’alcool, ou d’être en état d’ébriété au village, la participation à des volontariats etc.Les gens qui commettent des infractions, encourent des amendes allant jusqu’à 5 000 DA. En cas de récidive, le mis en cause sera traduit devant la justice par le comité. mais avant de passer aux sanctions, l’auteur de l’infraction sera approché par le comité des sages. Pour tenter de le ramener à la raison, nous précise-t-on. Parmi les portraits accrochés au bureau du village, l’on remarque ceux des martyrs de la Guerre de libération qui sont au nombre de 26 chahids. En plus, l’on peut remarquer, deux portraits de deux personnes du village, victimes du terrorisme. L’un était policier et l’autre, un jeune militaire. A leur mémoire, l’on a érigé à la placette du village deux stèles commémoratives. En plus du sacrifice donné par les enfants du village pour que vive l’Algérie, les responsables sont préoccupés par l’avenir de leurs enfants. Ainsi, peut-on remarquer la présence d’un autre portrait de lycéens. «Ce sont nos jeunes qui ont eu leur baccalauréat l’année dernière», nous explique-t-on. Ainsi, chaque année, l’on organise des cérémonies festives de félicitations des nouveaux lauréats au bac. Cette initiative d’encouragement a donné ses fruits, du fait que le nombre des jeunes qui arrachent leur bac augmente chaque année. cela sans oublier de citer, les autres aides qui sont mises à la disposition de ces jeunes par le village, notamment la bibliothèque, la salle de cours et les cours de soutien assurés par des enseignants du village. En dépit des multiples réalisations et avancées réalisées, le comité a encore du pain sur la planche. Il compte attirer l’attention des autorités sur les retards enregistrés, ainsi que sur la qualité des travaux réalisés pour la réhabilitation du barrage d’irrigation qui se situe à la sortie du village.«80% de notre population tire ses revenus de l’agriculture et la réhabilitation de notre barrage est un grand événement pour nous. Il permettra de réssusciter, la belle époque où notre village a connu un grand développement agricole, mais les retards enregistrés et les qualités des travaux réalisés nous inquiètent», nous dit Hamid, membre du comité.Le comité est préoccupé aussi par la fermeture de la salle de sport suite au séisme de 2003. Depuis les activités sportives sont perturbées. le problème réside dans la prise en charge des travaux de réparation. Bien que la salle est un bien du village, le comité l’a inscrite comme étant un bien de la commune en vue de la réparer, mais depuis les choses n’ont pas évolué. «Je ne comprends pas pourquoi ces retards pour la réparer. Dite-le dans votre journal, que nous sommes pénalisés dans nos activités sportives faute de cette réparation», nous dit un entraîneur de vo-vietnam également membre du comité.Pour désenclaver leur cité, les responsables du village ne cessent d’entreprendre des démarches en vue du revêtement de la route, menant vers Tamda. «Avec la réparation de cette route, c’est toute la région de Ouaguenoun, qui en bénéficiera et cela permettra de faciliter le trafic entre notre région et celle de Freha, Oued Aïssi etc», nous dit un automobiliste du village.Djebla est un village qui s’organise et qui avance. Les habitants de cette localité savaient que la meilleure façon de progresser et de garder toujours racine avec leurs ancêtres réside dans leur mode d’organisation. Il restera un village qui inspirera à d’autres, le chemin à prendre pour garantir une meilleure vie dans le village.

Mourad Hammami

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