Méziane Rachid souffre en solo

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Lui, le compositeur d’immortelles chansons telles, A Fadma N’soumeur, Ma d-Awal, Uggad-agh, la superbe SSendu interprétée par Idir, Akwas-igh ammi 3zizen de Nouara, L’Mahna-w de Qassi Abjaoui, Ay Ahedad N-At Yenni de Samy el-Djazairi et cela sans citer les dizaines d’autres travaux monumentaux réalisés, endure, ces derniers temps, des moments cruels. Après une longue hospitalisation, Méziane Rachid souffre seul avec sa famille dans sa demeure à Bab Ezzouar.

Aujourd’hui, à 64 ans, le maître souffre dans un total anonymat. Ni les responsables de la Radio nationale et encore moins ceux de la Culture n’ont daigné apporter le moindre soutien à cet artiste aux multiples facettes qu’est Méziane Rachid.

Ne pouvant pas faire face à sa maladie, ayant été victime d’une paralysie générale induite par une attaque vasculo-cérébrale, Méziane Rachid tente, tant bien que mal, de résister et de se battre contre la maladie qui le ronge avec le peu de moyens qu’il a.

Après tant d’années de sacrifices pour les cultures kabyle et nationale, Méziane Rachid s’est retrouvé démuni de tout moyen matériel et surtout privé du moindre soutien de la part des institutions, décidément ingrates. Eux, (les artistes), qui ont fait les beaux jours de notre culture plusieurs fois millénaires, eux qui ont su sauvegarder notre langue, sont bannis de tous les discours et aides officielles.

Ils sont nombreux à en souffrir. Nos hommes de culture disparaissent dans des conditions généralement cruelles. Que peut-on espérer dans un pays où les artistes sont réduit à la mendicité, dans l’indifférence totale des autorités en charge de la question ?

Les exemples pour illustrer la triste situation de nos artistes ne manquent pas. Après H’nifa, décédée dans un hôpital parisien loin des regards de milliers de fans, des dizaines d’autres cas similaires viennent allonger la liste de ces laissés-pour-compte. Slimane Azem, Cix El-Hasnaoui, ou encore Zerrouki Allaoua et tant d’autres, ont sombré dans un anonymat criminel. Ils sont, soit enterrés loin de chez eux, soit affectés d’un terrible dénuement matériel. Eux qui ont tout donné à la culture nationale en général, et la culture kabyle en particulier sont réduits aux rangs de délinquants, de mendiants ou la plupart du temps, pensionnaires de maisons de vieillesse et de centres pour personnes abandonnées.

Cette situation ne touche pas uniquement les artistes. Le malheur qui frappe nos artistes étale son écharpe de misère jusqu’aux écrivains. Le décès tragique et précoce de Rachid Alliche, écrivain et animateur radiophonique à l’âge de 55 ans illustre cet état de fait.

Il faut surtout signaler que grâce à la diaspora kabyle établie à l’étranger, et l’aide d’autres artistes, on peut espérer la poursuite de la chaîne de solidarité qui vient toujours épauler nos vaillants artistes malades ou oubliés.

Mohamed Mouloudj

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