La fin du drame des artistes est impérative, elle est un droit fondamental

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Par Abdenour Abdelsselam

Nombre de nos artistes ayant contribué à la grandeur de la chanson kabyle et algérienne dans son ensemble et de l’art en général, succombent sous le poids de problèmes sociaux et / ou de santé. Avons-nous le droit de les abandonner à leur tragique sort alors que eux nous ont tenu compagnie, dans des moments presque impossibles, par leur voix, leurs textes et leur musique pour que notre langue, notre pensée et notre culture aient aujourd’hui un droit d’existence.

Mohammed Issiakhem s’est éteint dans un hôpital d’Alger dans l’indifférence totale des autorités, Mohand Saïd Oubelaïd nous a quitté dans des circonstances dramatiques, Belkheir Mohand Akli endure encore les affres d’une maladie qui l’a tenu loin des podiums depuis bien longtemps, Lhesnaoui Amechtouh a échappé miraculeusement à une terrible maladie grâce aux efforts de la presse entre autres. Combien de grandes Dames de la chanson, à l’image de Lla Yamina, de Chrifa, de Zoulikha ont été contraintes à la survie.

D’autres encore sont cruellement éprouvées. Ils souffrent tous, toutes, seuls, seules et en silence car ils, elles sont taillé(es) dans une dignité implacable.

Voilà la triste destinée encore davantage aggravée par la responsabilité d’un Etat qui n’accorde pas ou n’applique pas de statut particulier pour protéger ces hommes et ces femmes de culture.

Combien sont-ils ces artistes qui, dans un cri de désarroi, s’en remettent au président de la République pour leur venir en aide par presse interposée ? Pourquoi faudrait-il qu’un président intervienne pour sauver ces valeurs inestimables de la culture du pays ? Quand l’Etat doit-il comprendre qu’être un artiste, un comédien ou plus classiquement un homme de culture, c’est une grandeur, une élévation. C’est un métier à part entière qui a le droit d’accéder à une couverture sociale professionnelle. La culture n’est pas un divertissement. Elle est l’âme de tout peuple. Elle est le socle le plus prémuni de toute nation. Alors à quand la fin par décision institutionnelle de ce terrible drame ?

Le dernier cas en date est celui du grand Djamal Chir qui vient de lancer un appel de détresse pour sauver son fils alors victime de l’attentat à la bombe perpétré par le terrorisme le 20 octobre 2006, au niveau du commissariat de Réghaïa devant lequel il était de passage. Bien entendu que l’Etat se doit de prendre en charge les dommages collatéraux que subissent les populations mais est-ce suffisant ? Pour qu’un père de famille en vienne à utiliser la presse comme dernier recours et lancer un tel appel désespéré; il eut fallu qu’il soit à bout de tout moyen. Il eut fallu qu’il soit dans une situation déplorable. Il eut fallu qu’il soit seul. Il eut fallu qu’il perde toute assurance. Il eut fallu qu’il… plein de choses encore plus malheureuses hélas !

Il est vrai que certaines institutions locales, comme la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, tentent des initiatives mais elles ne sont que ponctuelles malgré toute la bonne volonté des initiateurs. Il faut une décision étatique de droit, forte, canonique et rationnelle. Il faut… bien sûr espérer la fin de ce drame. Elle est impérative. Elle est un droit fondamental.

A. A.

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