Quiétude chez la population

Partager

Les gens ne s’arrêtent plus. Ils ne se retournent plus au passage d’une ambulance ou d’un convoi des services de sécurité. A Tizi-Ouzou, la peur a-t-elle changé de camp? Tout porte à le croire. Ce qui s’est passé la semaine dernière en est la parfaite illustration. Les observateurs se sont étonnés qu’au moment de l’accrochage au niveau de la Tour de la Nouvelle-Ville, des citoyens, par centaines se sont agglutinés au devant de l’immeuble où s’est abrité le terroriste. Certains ont été même surpris, quand, au moment où le terroriste fût abattu, les citoyens ont acclamé chaleureusement les services de sécurité.

Des images inédites, mêmes si les opérations antiterroristes, il y en a eu des centaines depuis le début des années quatre-vingt-dix. La réaction des citoyens devrait-elle faire l’objet d’une interprétation? Ceux interrogés disent qu’à chaque fois qu’un terroriste est tué, cela constitue une source de soulagement mais, en même temps, disent d’autres, cela pourrait être une raison pour s’en inquièter car ça montre que les terroristes sont encore là et peuvent frapper à n’importe quel moment. Ceci doit en revanche pousser tout le monde à plus de vigilance car, si un émir a pu être éliminé la semaine dernière, c’est grâce aux informations livrées par les citoyens.

Ce qui mérite d’être signalé par ailleurs c’est le fait que les actions inhérentes au terrorisme ne sont plus commentées par les citoyens. Ces derniers sont plus portés sur les rencontres de football que par un quelconque autre sujet. Pourquoi donc cette indifférence sur un sujet qui, il y a quelques années est allé jusqu’à devenir un véritable fonds de commerce pour une bonne partie des journaux?

L’habitude étant une seconde nature, les gens ne parlent plus de ces actions, d’autant plus que le constat est unanime qu’il y a une nette amélioration de la situation sécuritaire ces dernières années. Les attentats ont lieu à intervalles très espacés. Ce qui fait que la population ne se préoccupe plus de ça. Elle est par contre serieuseument angoissée par le regain du banditisme et du phénomène de la débauche qui a pris des proportions alarmantes particulièrement ces cinq dernières années.

Les actions liées au terrorisme ne perturbent plus la vie quotidienne des citoyens de Tizi-Ouzou. Un cadre moyen, rencontré dans un café près de la place des Martyrs du Printemps noir avoue : “ Je suis soulagé quand il y a ce genre d’actions mais j’ai aussi peur. Je peux circuler sereinement en fin de journée avec ma femme pour prendre de l’air et soudain, être pris dans un accrochage.

Ce n’est pas pour autant que la vie doit s’arrêter pour moi. Je ne change pas mes habitudes d’autant plus que j’ai vécu à Tizi-Ouzou durant les années rouges.

Le fait de savoir que les services de sécurité sont sur le pied de guerre est un élément très réconfortant.” Une jeune fonctionnaire ne se soucie pas outre mesure : “Si je dois être habité par la peur, je ne dois donc pas sortir de la maison, je ne dois pas travailler. La mort est une question de destin.”

Il est vrai qu’en circulant dans la ville de Tizi-Ouzou, on constate que la vie bat son plein.

Les jeunes filles et les jeunes hommes, dans leur majorité, sont bien endimanchés. Contrairement à la rumeur, les jeunes femmes en hidjab sont rares. Les hommes en kamis aussi. Et depuis une dizaine de jours les fêtes de mariage ont commencé. Les crépitements des armes, qui déchirent la ville une fois par hasard laissent place aux klaxons stridents des voitures qui ne s’arrêteront pas pendant au moins quatre mois.

Aomar Mohellebi

Partager