Des “Journées du patrimoine” bien pleines

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Les journées du patrimoine organisées par l’Association Etoile culturelle d’Akbou en collaboration avec la Direction de la culture de la wilaya de Béjaïa et l’APC d’Akbou ont tenu leurs promesses quant à la réussite de cette manifestation. Lors de son allocution d’ouverture, M. Mouloud Salhi, président de l’association, a remercié tous ceux et celles qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de cet événement, comme il a annoncé, à la satisfaction générale, le maintien de leur demande de bénéficier d’un équipement pour une médiathèque dans le cadre de l’ADS (agence de développement sociale, ONG2). Néanmoins, cette attribution reste tributaire de l’aménagement d’un local répondant aux normes internationales en la matière. Le public et les animateurs que nous avons approchés ont décerné une note complète pour l’association pour tout l’entrain et la peine que se sont donnés ses membres, notamment Akli N’Tmazirt pour rassembler les moyens logistiques et pédagogiques requis pour le succès de ces journées.

Recueillement sur la tombe de Haroune Mohamed

Les membres de l’Association Etoile culturelle d’Akbou et la Coordination des enfants de chouhadas de la commune d’Akbou ont déposé tôt dans la matinée du jeudi 22 mai deux gerbes de fleurs sur la tombe du grand militant berbériste et fils de chahid qu’était Haroune Mohamed qui, pour rappel, est né en 1949 à Tifrit, dans la commune d’Akbou et décèdé le 22 mai 1996. Une minute de silence a été observée par la trentaine de présents à cette cérémonie de recueillement à la mémoire de tous ceux et celles qui ont consenti l’ultime sacrifice pour que vive l’Algérie libre et qu’elle vive dans le respect de la diversité culturelle, linguistique, politique et confessionnelle de tous ses citoyens.

Le professeur Djamel Seddik, éminent chercheur en histoire, qui était étudiant à l’université d’Alger à la même époque que feu Haroune, qu’il n’a cependant pas connu, a tenu à signaler lors de son intervention que “la culture doit se traduire dans le vécu quotidien de la société et le comportement des individus, autrement elle n’est d’aucune d’utilité. La Kabylie de par ses reliefs accidentés et la pauvreté en minerais de ses montagnes est comme le Japon, mais celui-ci a réussi à occuper la place qui est la sienne dans le concert des nations universelles et la technologie sans pour autant délaisser sa culture ancestrale”.

Pour leur part, certains des présents ont exprimé leur désappointement et la déception que leur a causé le comportement de certains de leurs concitoyens qui demandaient : “Que vient faire cette délégation à Tifrit ?”.

Virée à Aguemoune

Sur sollicitation de l’équipe réalisatrice du film reportage Izra n’Ouguemoune (les pierres d’Aguemoune), notamment le commentateur et caméramen Azezradj Idir, par ailleurs enseignant de tamazight à Bouira, l’Association Etoile culturelle d’Akbou a mis à la disposition du professeur Djamel Seddik un véhicule pour lui faciliter son déplacement au village d’Aguemoune situé dans la commune d’Ighram. Le professeur a montré un vif intérêt pour ce village et particulièrement la fontaine qui reste avec les quatre cimetières les seuls endroits du site qui ont échappé à la destruction et ont résisté aux alias du climat. Il n’a pas exclu que la fontaine fût construite dans le cadre des aménagements hydrauliques décidés par le roi Abd Elaâziz du royaume des Ath Abbès, comme il a soutenu par ailleurs, que son architecture est singulière et ne peut être apparentée ni aux romains ni aux Turcs. D’autre part, un village du nom d’Aguemoune, théâtre d’une bataille qui a opposé le royaume de Koukou et celui des Béni Abbès, au XVIe siècle, est cité dans la revue africaine par un explorateur français et il se pourrait qu’il s’agisse de ce village, vu qu’il se situe aux confins des deux royaumes.

La qalaâ des Benis Abbès…

La salle des fêtes de la Maison des jeunes d’Akbou était devenue l’espace de la conférence donnée par le professeur Djamel Seddik, qui était tout simplement magistral, un espace universitaire. L’histoire de la Qalaâ a été passée au peigne fin. Le conférencier a raconté l’histoire de cette citadelle naturelle depuis l’an 1014 où la première cargaison militaire s’est y installée en passant par les différents événements qui ont secoué ce royaume, son étendue géographique, l’arbre généalogique de la dynastie qui y a régné, les politiques appliquées, l’industrie qui s’y est établie, les origines des habitants qui l’ont peuplée, les alliances contractées avec leurs rivaux et leurs ennemis jusqu’à la mort d’El Mokrani en 1871. Pas moins de 23 planches illustratrices ont été exposées, un grand nombre d’ouvrages et d’auteurs qui ont parlé de l’histoire de cet Etat ont été cités avec beaucoup de précisions et enfin des arguments scientifiques d’une véracité irréfutable à l’appui de certains faits historiques ont été mentionnés. “Quelque 20 km d’archives algériennes se trouvent actuellement à l’université de Paris Ex-en-Provence dont quelque 6 km se rapportent directement ou indirectement à la Qalaâ. Ces archives pèsent environ 9 450 Kg ; ils sont indispensables pour la recherche historique, d’autant plus que nos sites sont mal préservés”, conclut-il sa conférence sous les applaudissements du public qui a beaucoup apprécié la prestation et souhaite voir ce genre d’activités organisées régulièrement.

Lqahwa N’les Algériens

La troupe théâtrale T4 d’Amizour a tenu en émoi et a capté tout l’intérêt du public nombreux et composé majoritairement de jeunes et d’enfants pendant plus de deux heures et demi. Combien était réjouissant le spectacle de ses parents qui ont accompagné leurs enfants à cette bouffée culturelle ! La dénomination T4 renferme en soi trois idées, à savoir : troupe du quatrième Art, cellule du système immunitaire qui parent à la survenue de graves maladies tel que le sida, et en dernier elle peut se lire : troupe théâtrale Tusna n’Tamazight. La technique utilisée, en paraphrasant M. Khaled Nourdine Khoudja, Friedrich Brecht avec un clin d’œil pour l’école d’Elisabeth. Toutefois, la dérision italienne a été la technique la plus dominante. Cette dernière est apparue en Italie à la fin du fascisme de Mussolini en 1945 ; elle use “du rire du soi” comme moyen le plus efficace de toucher du doigt les maux qui rangent la société sans aucune hypocrisie ni démagogie et permet par ricochets de panser les blessures de la société. Effectivement, le réalisateur a mis en scène sur fond d’un décor chaotique et très pauvre une pléthore de personnages sarcastiques et comiques venant d’horizons et de temps différents et qui évoluent dans un espace où la crise multidimensionnelle qui frappe de plein fouet notre société apparaît au grand jour.

B. Sadi

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