“La chanson kabyle a besoin de tous les styles pour progresser”

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La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord parlez-nous de vos débuts dans la chanson…

Saïd Youcef : Azul. L’envie de chanter m’a hanté depuis mon enfance puisque, dès mon jeune âge, j’ai commencé à monter sur scène. Je me souviens de mes premiers pas dans la chanson, écolier que j’étais, je participais souvent aux différentes manifestations culturelles organisées par la suite, j’ai intégré la chorale de notre établissement et là, je dois dire que ce sont les encouragements de mes enseignants ainsi que mes camarades de classe qui m’ont beaucoup motivé pour continuer sur le chemin que je me suis tracé. Comme tout débutant, j’ai commencé avec les anciens tubes, à l’image de Louiza semhas du défunt Hmidouche ainsi que ceux de Fahem et tous les anciens de l’époque. Mon choix, je l’avoue, est avant tout une question du plaisir que j’éprouve en chantant mais également l’amour de ce métier…

Qu’en est-il de votre premier album…

Ah mon premier album… Cela remonte à l’an 2000, j’y ai inclu des chansons spécial-fêtes, œuvres des quelques chanteurs amateurs de notre région (Tadmaït, Ndlr) que j’ai remixées et retravaillées. Certes, l’album n’a pas connu la réussite voulue, toutefois cela m’a permis de me familiariser avec le monde de la chanson. Comme vous le savez, il n’est pas évident de se frayer un chemin, même si en ce qui me concerne je n’ai pas éprouvé, contrairement à beaucoup d’autres, des problèmes avec les éditeurs. J’en suis aujourd’hui à mon huitième.

Puis vint C’est fini l’album qui vous a révélé au grand public…

Tout à fait ! Cet album a connu une réussite éclatante, c’est le fruit d’un travail de longue haleine pour lequel nous avons conjugué les bonnes paroles, avec des musiciens professionnels mais surtout de bonnes conditions d’enregistrement dans des studios professionnels : studios Casbah. Je pense que le chanteur comme tout d’ailleurs gagne en maturité mais surtout en expérience avec le temps qui passe et la succession des produits mis sur le marché.

Dans ce cas précis C’est fini a été donc pour moi un tournant, sa réussite m’a conforté et m’a motivé pour continuer sur le chemin. Cet album qui contient six chansons dédiées à l’amour que je chante majoritairement dans mes produits, m’a ouvert les portes pour une carrière que j’espère longue et riche en réussites.

Justement, certains que vous avez évoqués critiquent le non-stop et le spécial-fêtes, quel est votre avis là-dessus?

Je pense sincèrement qu’ils ont tort pour au moins deux raisons. La première est qu’ils n’ont pas le droit de contredire des milliers de jeunes et des moins jeunes qui adoptent ce style et qui nous écoutent. Aujourd’hui, nos tubes sont repris par le public et c’est là où nous devons clore ce débat que je trouve déplacé car le public est le seul, comme je vous l’ai dit, à même de nous juger ; pour l’instant il nous donne son quitus. — Tant mieux ! Deuxièmement, la chanson kabyle a besoin de tous les styles pour pouvoir progresser, chacun devra trouver sa petite place par le travail et la qualité du produit. La chanson kabyle doit continuer son ouverture sur les styles du monde entier. Je dois préciser tout de même que la chanson rythmée n’est pas automatiquement du spécial-fêtes, au contraire, nous traitons des thèmes variés qui vont de l’amour, le social et tout ce qui touche la société. Il est donc important de faire la part des choses.

Quel est l’apport de la nouvelle génération à la chanson kabyle ?

Je pense que chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice, la nôtre tente de moderniser au mieux la chanson kabyle avec l’introduction de nouveaux styles, de nouveaux instruments. La chanson kabyle qui s’est décomplexée vis-à-vis de cette question doit continuer sur ce chemin car il ne faut pas s’y opposer par principe. Cependant, progresser et moderniser ne doivent pas nous éloigner de notre culture ou dévaliser la chanson kabyle de son originalité, moi, je reste fidèle à cette kabylité qui m’a donné naissance.

Comment justement choisissez-vous les thèmes de vos chansons ?

Dans ce registre, c’est l’inspiration du moment qui me l’impose. Généralement, je traite des sujets qui ont trait à la vie quotidienne de nos jeunes. Je chante l’amour sous tous ses aspects, la séparation, la joie de se retrouver à deux, mais également les problèmes sociaux.

Vous vous inspirez de votre vécu ?

Du mien et de celui des milliers de jeunes qui aspirent à un meilleur vécu.

Il paraît que vous êtes sur un nouvel album qui sortira prochainement sur le marché, peut-on avoir plus de détails ?

Oui, bien sûr. Il s’agit d’un nouveau produit : Itchur Wul qui sortira le 12 juin prochain chez Dela Production. Il comportera neuf titres qui traitent des sujets variés. Je dois dire que je suis resté sur le même style, même si nous avons tenté d’apporter des nouveautés en introduisant de nouveaux styles proches du Rnb fiver. J’avoue que le thème dominant n’est rien d’autre que l’amour. Concernant les paroles et musiques, sept titres sont de moi alors que les deux restants sont de Hamid Moualhi et Tawfiq Ameur pour la musique. Les arrangements ont été pris en charge par Nabil et Hichem.

Vous avez programmé, paraît-il, une tournée promotionnelle…

Ça sera Incha Allah à partir du mois de juin. Je prépare également un clip vidéo pour l’une de mes chansons, j’espère que tout cela trouvera sa place chez notre public.

Récemment, vous avez été annoncé dans plusieurs galas à l’université et un peu partout sur le territoire de la wilaya. Votre public constate à chaque fois votre absence…

Excusez-moi de vous arrêter, car il est important effectivement de clarifier cette question pour que le public sache la vérité. Je constate autant que vous et le public que mon nom est annoncé un peu partout, je vous le dit clairement, que cela se passe généralement à mon insu. Certains en mal de publicité tentent d’attirer le public en affichant des chanteurs sans prendre le soin de les aviser au préalable. Je le dit et redit que je reste disponible pour répondre à toutes les sollicitations d’où qu’elles viennent. Cependant, il est tout à fait clair que cette question doit être réglementée afin de mettre fin à une situation que je qualifierai d’anarchique car au-delà de la pub que s’offrent les organisateurs, c’est l’image du chanteur, de l’artiste qui est en jeu.

Nous vous laissons le soin de conclure…

Premièrement, je rend hommage à l’ensemble de la famille de la chanson kabyle, les anciens qui nous ont ouvert les yeux sur le mode de l’art, même si eux nous chambrent de temps à autre (rires, Ndlr). Je souhaite que la chanson kabyle continue de progresser. Un azul à mon très cher public qui appréciera, je l’espère bien, le nouveau produit de Saïd Youcef. Je remercie votre journal, la Dépêche de Kabylie, pour l’intérêt qu’elle porte à cette région qui a besoin de tous ses fans.

Entretien réalisé par A. Z.

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