Il y a de cela six (06) années, paraissait le premier numéro de la Dépêche de Kabylie. Six printemps, cela parait jeune, trop jeune, pour faire un bilan. Et pourtant ! la Dépêche de Kabylie a réussi à se faire une place privilégiée dans le paysage médiatique national et a su se forger une identité propre à elle. Notre, votre, journal a vécu aux pulsions de la Kabylie et de l’Algérie, en tentant à chaque fois d’apporter sa contribution-aussi modeste soit-elle-pour faire avancer les idées fondatrices de sa ligne éditoriale.
Cette sixième bougie n’aurait pu être soufflée sans l’aide de nos annonceurs et amis, et sans l’abnégation d’une jeune équipe qui n’hésite pas à “se mouiller le maillot”. En l’espace de six ans, la Dépêche de Kabylie- comme toute entreprise-a connu des hauts et des bas. Nous avons quelquefois douté, hésité ou sommes passés à côté, mais jamais un sentiment de découragement ou une once d’abdication ne nous ont traversé l’esprit. Un quotidien d’information de proximité n’était pas le bienvenu chez beaucoup; et était “douteux” chez certains cercles. Nous nous sommes armés de patience, de conviction et d’amour de notre métier afin de démontrer l’inanité des préjugés et des procès d’intention. Les plus honnêtes, et ils sont la majorité, lisent aujourd’hui notre journal sans a priori ni idées préconçues. Les autres ont fait le choix haineux, sénile et sectaire de nous calomnier. Continuez, Messieurs ! car sans votre haine, vous êtes voués à la mort…et l’on sera dans l’obligation professionnelle d’annoncer votre fin.
Ceux qui sont aujourd’hui nos pourfendeurs et détracteurs sont ceux-là mêmes qui voudraient perpétuer leur tutorat sur la région de Kabylie et s’en servir comme monnaie d’échange ou de chantage avec certains cercles à la périphérie du pouvoir d’un côté, et de l’autre continuer à “grenouiller” à huis clos dans la région.
La Dépêche de Kabylie est née il y a de cela six ans pour casser cette spirale infernale et donner la parole aux plus démunis -donc à la majorité- pour exprimer leurs espérances, leurs espoirs et leurs rêves et aussi leurs colères et coups de gueule.
A la lecture quotidienne de la Dépêche de Kabylie, on apprend que les citoyens de la région souffrent de chômage, de mal-vie, de maux sociaux… Ils ont désormais la possibilité d’exprimer eux-mêmes leurs désirs et leurs mécontentements. Plus personne ne les bluffe sur ses prétendus et chimériques canaux d’information avec les décideurs. C’est l’un et pas des moindres avantages de la presse de proximité. Elle a cette possibilité et mission de lever les monopoles et le tutorat sur l’information. Et c’est justement ce rôle social d’un journal qui constitue notre kérozène de tous les jours, afin de confectionner un support d’information au service des plus démunis pour que leur cri soit entendu par les pouvoirs publics, à l’état brut et sans intermédiaire. Par ces temps d’incertitude, de colère et de lassitude, nous espérons qu’enfin les consciences s’éveillent et que les élites du pays s’engagent pour éclairer sur les enjeux et tenter -un tant soit peu- de dissiper l’épais brouillard qui a squatté la vie des Algériens. Obsédés par le pouvoir et ses représentants, certains n’hésitent pas à prendre des raccourcis dangereux pour l’avenir du pays, et contribuent ainsi à la démobilisation des citoyens.
Nous demeurons convaincus que l’Algérie de Novembre, du congrès de la Soummam ; pour laquelle les meilleurs de ses enfants ont consenti le sacrifice suprême, est toujours viable et constitue un modèle. Néanmoins, le “novembrisme” de nos parents est confronté à un ultimatum historique auquel il ne peut échapper : évoluer ou disparaître.
Les militants nationalistes ont su et pu construire un projet national en rupture avec le fait colonial, ont canalisé toutes les énergies, elles-mêmes nourries de ce projet, pour aboutir à l’Indépendance du pays.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’Algérie a besoin de conjuguer au présent l’esprit de Novembre, en lançant un projet national ambitieux pour l’Algérie de demain. Ce projet ne sera viable et ne suscitera l’adhésion populaire que s’il réalise la rupture définitive et patriotique avec le système de pensée actuel. Donner une assise pour une démocratie et une modernité durables, avec un traitement courageux, mobilisera à coup sûr les énergies de la nation. La Dépêche de Kabylie tentera pour sa part de contribuer à cette lourde et ambitieuse tâche nationale, et assumera loyalement des valeurs que certains pensent être dépassées et ringardes telles que le patriotisme, la démocratie, la République et le pluralisme.
I. Ben