Plus de 500 paramédicaux des 48 wilaya étaient attendus à Béjaïa au 10e Forum des sciences paramédicales que l’auditorium Abderahmane-Mira abritera durant deux jours pour débattre du système LMD intégré pour la première fois dans la formation et la carrière paramédicale. Ce système triptyque : licence mastère doctorat fut le cheval de bataille du syndicat algérien des paramédicaux SAP qui, rappelons-le, avait paralysé les hôpitaux du pays lors des deux rounds de grève de trois jours en février et mars derniers pour exiger l’application de l’avant-projet inhérent au statut des paramédicaux, dont l’interrogation de ce nouveau dispositif pédagogique et professionnel que les pouvoirs publics avaient accepté. Prôné comme une avancée décisive et une progression logique d’une profession controversée devenue le souffre douleur du système de la santé publique alors que ce dernier s’arrête à des réformes que les blouses blanches jugent “irréalisables” sans l’adhésion des paramédicaux et la formation paramédicale selon la nouvelle donne mondiale en matière de technologie de soins et de prévention.
Mais comment en est-on arrivé là?
Leur nombre avoisine les 100 000 à l’échelle nationale, alors qu’ils n’étaient que 250 Paramédicaux dislômés à l’Indépendance, un nombre qui était chiffré en 1972 à 12 215 dont des sages femmes, 227 en 1966, des infirmiers et des accoucheuses rurales. La décennie 70 a été celle du grand changement dans ce métier de soins avec la mise en œuvre d’une formation en cours d’emploi ainsi que la création des écoles paramédicales annexes pour décentraliser la formation. Une époque marquée aussi par une disparité entre les besoins d’une population et une offre en personnel de soins et d’hygiène. C’est dans l’optique de répondre à ces besoins urgents que les instituts technologiques de santé publique ont été créés avec à l’issue, la création du corps de techniciens paramédicaux en mai 1968. Ce que l’on appelait les adjoints médicaux de santé publique, qui avaient pour mission plurielle de lutter contre les fléaux sociaux, l’assainissement du milieu, l’éducation sanitaire et la prévention. Les AMSP étaient par obligation de service “Monsieur tout le monde” allant jusqu’à remplacer le médecin dans les zones rurales, à organiser les campagnes de vaccination et à encadrer les futurs techniciens. Mustapha Kara, plus de 32 ans de service et qui s’apprête à partir à la retraite faisait partie de ce corps disparu il se souvient qu’il était appelé à faire des examens médicaux et même à prescrire des médicaments. “Le paramédical à l’époque faisait le concierge, l’infirmier, le formateur et le docteur,” se remémore Mustapha pour souligner les sacrifices de cette corporation cheville ouvrière des soins de santé. Avec la création du corps de techniciens supérieurs de santé en 1980, les conditions d’accès à la formation paramédicale sont revues à la hausse pour exiger le niveau de terminale avant d’aller au recrutement avec bac sur titre en 1992. Mis à part la spécialisation pour arriver à une vingtaine de spécialités paramédicales et la formation bac plus 3, rien n’a été opéré pour améliorer les conditions de formation et de travail de ces blouses blanches qui ne cessent de crier au déni professionnel et au dénigrement. En se constituant d’abord en association, ensuite en syndicat, les paramédicaux font parler d’eux et se préparent à une mutation complète de la profession avec comme assurance une carrière attractive et des débouchées vers des études supérieures avancées. 2008 est tout bonnement l’année des paramédicaux qui viennent d’arracher le système LMD, les paramédicaux pourraient espérer passer de la blouse blanche au costume cravate.
Nadir Touati