“Nous sommes en vacances, et après ?” tels sont les propos d’un collégien de l’établissement de Maâla. En effet, tous les élèves de tous les cycles sont en vacances. Mais comment vont-ils gérer cette période de trois mois avant de rejoindre les bancs de l’école en septembre ? Il est utile de noter que c’est très difficile de passer de bonnes vacances dans la commune d’Ath Laâziz. L’absence d’infrastructures de taille et surtout de loisirs laissent ces élèves et jeunes livrés à eux-mêmes. Certains enfants se donnent rendez-vous presque chaque soir dans quelques espaces aménagés dans leur village pour disputer une partie de football. Par ailleurs, d’autres préfèrent s’installer dans les cafétérias qui sont équipés de paraboles numériques et qui restent ouverts jusqu’une heure de la nuit. A l’approche du mois de juillet, les jeunes, avec leur propres moyens, louent des fourgons et prennent la direction des grandes villes pour passer de bons moments à la plage. A cet effet, il y a presque trois années les autorités locales offrent gratuitement un bus aux profits des jeunes de chaque village qui veulent aller à la plage. Enfin, il reste à ces collégiens et même les jeunes qui sont toujours en vacances à supporter cette permanente canicule…
Les valeurs disparaissentC’est indigne ce qui se passe dans les villages de la localité d’Ath Laâziz, pour ne pas citer d’autres régions de la Kabylie, de voir et de constater que les coutumes et traditions de nos ancêtres sont délaissées. A la localité d’Ath Laâziz ce sont seulement les villages de Bezzit et d’Ifhoudhien qui ont une association, qui, du moins, préserve leurs coutumes. D’autres hameaux sont livrés à eux-mêmes. A l’époque, comme nous explique un vieux, “c’est au niveau de la mosquée du village “El Djemaâ taddar” que les villageois se réunissent presque chaque fin de semaine pour débattre des problèmes que vivent les habitants et de procéder avec la présence de tous les sages du village au règlement de toute difficulté. Cette association reste le repère des habitants. Ces derniers sont sommés de participer à toute manifestation qu’abrite le village, comme la célébration des fêtes de mariage, circoncision… Par ailleurs “tajmait” est la seule institution qui est habilitée à régler les problèmes soulevés par les citoyens. Maintenant, nos habitants courent derrière les barreaux de la justice”. En outre, d’autres travaux sont effectués par les villageois pour le bien de leurs bourgs, comme l’ouverture de pistes vers les champs d’oliviers et d’autres vers les autres régions. Pour preuve, notre interlocuteur nous a confirmé qu’au village Chekouh, les habitants et grâce à leurs efforts, ont décidé eux-mêmes d’ouvrir une piste de 3 km vers la localité de Maâla, et cela s’est passé en 1978. Selon ce vieux, les raisons qui ont mis fin à toute activité dans les villages, c’est “Avec cette nouvelle génération on vient de perdre même nos valeurs, nos diplômés sont installés dans les grandes villes, et je vous cite que même les diverses cultures sont abandonnées comme les champs d’oliviers”. Il est à signaler que cela n’a pas empêché certains jeunes de s’organiser et de fonder des associations et ont essayé à maintes reprises de suivre le chemin de leur aïeux mais en vain. “On vit les nouvelles technologies d’une part et, d’autre part, les responsables n’ont jamais facilité les tâches” nous annonce un jeune diplômé. Le sage a voulu conclure : “C’est difficile de réorganiser tout, on a seulement gardé un souvenir. Maintenant une nouvelle culture vient de s’installer, c’est le tribalisme”.
Brahim.M.
