Un proverbe dit : “A cœur vaillant rien d’impossible !” Rien n’est impossible en effet, si l’on prend comme référence ce conte du terroir qui met en scène un jeune homme plein de bravoure.L’on raconte, qu’à la montagne, vivait autrefois un couple qui s’entendait à merveille. Dieu leur donna un garçon et une fille comme héritiers. La famille de paysans vécut heureuse, de nombreuses années. Un jour,après que les enfants soient devenus adultes, le malheur s’abat sur eux. Un soir, sans crier gare, la mère meurt et laisse tout le monde orphelin. Ne voulant pas chagriner davantage ses enfants, le père éloigne de son esprit toute idée de remariage. Il veut conserver intacte l’image de sa défunte femme. Pour essayer d’oublier, il décide un jour de s’exiler avec son fils dans de lointains pays. Comme il ne peut pas prendre avec lui sa fille, dotée d’une splendide beauté, il décide de la laisser sur place, en lui assurant gîte et couvert, pour de nombreuses années.Pour qu’elle ne se sente pas esseulée et abandonnée, son père alla voir le roi du pays (l’ag’ellid) et sollicite de lui, l’envoi de temps en temps d’une vieille servante pour lui tenir compagnie durant son absence prolongée. Le souverain ne voyant pas d’inconvénient, le père est très content. Encouragé, il sollicite du vizir chargé de la sécurité de protéger sa fille. Ayant tout obtenu, il revient content à la maison. Désormais, rien ne peut l’empêcher d’entamer avec son fils son long périple. Comme convenu, le roi envoie presque tous les jours sa vieille servante, pour s’enquérir de la situation de la jeune fille. Admirative devant sa beauté, un jour elle dit au roi :- Thaqchichthe iz’aragh oussa agiThechvah’ am a-ghour d’eg g’enniLoukan nek d’ k’etchiniAtsid arnough ar ghori !(La fille que je vois ces jours-ciEst la plus belle de toute la contréeSi j’étais à votre place, majestéJe l’épouserais sans hésiter !)L’ag’ellid’ ne lui dit rien. Il l’a regarde malicieusement, lisse sa barbe avec sa main et rentre dans ses appartements.Ce soir-là, il ne dort pas. Les paroles de sa servante sont comme une vrille dans sa tête. Le lendemain, il se déguise en homme du peuple et suit pas à pas sa servante, qui le mène sans le savoir tout droit vers la demeure de la belle jeune fille. Sans se faire voir, il s’introduit derrière elle et se cache dans un coin.Il attend patiemment qu’elle sorte pour se montrer à la jeune fille, qui est effrayée. Pour la rassurer, il lui dévoile son identité. Il est subjugué par sa beauté. Il est comme ensorcelé. Il perd la raison et retourne au palais hagard, et incapable de prononcer un mot. Le vizir chargé de la sécurité est étonné. Il l’a salué, il ne lui a pas répondu. Il se croit tombé en disgrâce. Il appelle la vieille servante et la questionne à son sujet. – Il ne faut pas lui en vouloir, lui dit elle, il n’est plus maître de ses pensées, il est sûrement tombé amoureux de la jeune fille, dont le père et le frère sont partis vers d’autres pays. Je ne sais pas comment il a fait, mais à coup sûr c’est d’elle qu’il s’agit. Depuis que je suis en vie je n’ai jamais vu tant de grâce de beauté, et de charme, comme ceux que possède cette jeune fille. Elle est plus belle que toutes les épouses de l’ag’ellid’.Le vizir ouvre des yeux tout grands. Très intéressé, alléché, il décide de voir de visu cette beauté qui a envoûté sa majesté. Sous prétexte de s’enquérir de sa sécurité, il charge deux servantes dévouées d’aller chez la jeune fille. Tandis que la première discutera avec elle, la seconde introduirait le vizir. Il en fut ainsi.Après le départ des deux servantes complices, le vizir se présente à elle en qualité de protecteur, mal lui en prit, il fut vertement réprimandée en ces termes-ci :- K’etch ethâouhd’edh vavaBach our iyi tsagh ouiraLoukan ak iz’ar akkaAy inagh bla elhedra !( Tu as promis à mon père protection, afin qu’il ne m’arrive rien de fâcheux, s’il me voyait seule en ta compagnie, il n’hésiterait pas à me tuer !).
Benrejdal Lounes (A suivre)
