En toute apparence, le pays –autorités, partis politiques, médias et même de simples citoyens- intègrent de façon presque définitive, en tout cas assez ‘’naturelle’’, la nouvelle donne du marché pétrolier qui situe le baril au-dessus de 130 dollars. Cette trop diligente façon d’ ‘’assimiler’’ des données qui ne doivent pratiquement rien au génie algérien et de les prendre comme étant de nouveaux ‘’acquis sociaux’’ ne présente aucun avantage et charrie, en revanche, dans son sillage toute la symbolique des travers de la gestion économique du pays tels qu’ils sont connus jusqu’ici.
Depuis le début du nouveau millénaire, les prix des hydrocarbures- en dehors de quelques moments assez courts de flottements en dents de scie- n’ont pas cessé d’évoluer en courbe exponentielle.
Cette situation qui pénalise les grands pays importateurs a quelque peu échappé aux prévisions des courtiers et économistes qui avaient pris l’habitude de lier toute évolution des prix aux facteurs climatiques qui dopent la consommation et aux aléas politiques qui risquent de compromettre l’exploitation ou l’acheminement de l’or noir.
Les menaces auxquelles font face les entreprises occidentales au Nigeria, la diminution des stocks stratégiques aux Etats-Unis et la tension chronique au Moyen-Orient (une nouvelle crise irano-israélienne vient d’éclore au début de cette semaine) ont vite propulsé la bourse du pétrole.
La tendance haussière des prix qui s’est dessinée juste après la grande dépression du milieu des années 90 due à la banqueroute du système financier indonésien semble tranquillement s’acheminer vers une constance que n’arrivent plus à ébranler les décisions de l’OPEP relatives aux quotas de productions et aux plafonds des prix. Ces derniers relèvent maintenant du souvenir. L’influence même de l’OPEP a subi une grave dépréciation.
Le sommet de Djedda, tenu la semaine passée entre producteurs et gros consommateurs de pétrole, n’a abouti pratiquement à rien de concret. Au contraire, deux jours plus tard, le baril atteint les 142 dollars.
Si on ajoute à cela le retrait de l’Indonésie de l’Organisation, l’on aura pratiquement affaire à une coquille vide noyée dans une infernale logique commerciale mondiale. Les quelques correctifs apportés en cours de route par cette Organisation pour désenivrer le marché pétrolier ont montré les limites objectives de l’OPEP en la matière. Plusieurs raisons sont à l’origine de cette situation dont les plus importantes sont, sans aucun doute, une consommation effrénée en pétrole des pays à taux de croissance ‘’insolent’’ à l’exemple de la Chine et des autres Tigres asiatiques ; ensuite, en raison de la part de l’OPEP dans la production mondiale qui commence à régresser après la mise en exploitation de nombreux gisements en Russie, Scandinavie et Mer Caspienne.
Le beau tableau des cours de pétrole ne doit pas faire illusion ou plonger les gestionnaires du pays dans un fatal assoupissement. Le Président Bouteflika l’a rappelé l’année dernière de la fête de l’Indépendance.
Il est plus que jamais indispensable de lutter pour la diversification des exportations pour rompre avec l’infernale dépendance par rapport aux hydrocarbures.
Cela ne peut se réaliser que par une politique hardie d’investissement et de réformes administratives, judiciaires et bancaires, secteurs censés encadrer l’acte d’investissement et lui donner une forte assise.
A.N.M.
