Rien à faire ! L’étuve est là et tiendra la route toute une saison, si toutefois l’été ne joue pas les prolongations.
Avant même de prendre officiellement son congé, pour celui qui a la chance de travailler, le citoyen s’écrie : “De l’air !”. Et “cet air”, contrairement à ce que dirait le poète, a un prix.
Oui, plus que tout autre chose les vacances ont besoin d’argent, beaucoup d’argent. Les douze mois d’impossible économie ne permettent pas à une bourse même largement moyenne une détente et une remise en forme méritée.
Du coup, bronzage, glaces, balades nocturnes dans des espaces plus ou moins balnéaires sont exclus. Et bien sûr, il est hors de question que la bourse rêve un instant d’aller trouver l’air de l’autre côté des frontières. Mais ce n’est pas pour autant que le salarié baisse les bras.
De toute façon, quand bien même il voudrait faire comme s’il n’était pas en congé, sa petite famille le lui rappellera tous les quarante degrés que l’été fait. Face aux petites frimousses frustrées et la maman transpirant son mal être dans la cuisine, le père puise dans la débrouille. Au lieu de l’inaccessible séjour balnéaire, il se rabat sur Talesdit, le barrage des At Yala, dans la commune de Bechloul. Cependant, le lac artificiel n’est pas aussi facilement accessible que cela en a l’air. En plus des préparatifs circonstanciels qui valent tout de même leur pesant d’or, le père de famille doit s’assurer les prestations d’un véhicule. Une fois sur place, c’es beaucoup plus les enfants qui sont relativement contents. Le père, lui, est déjà préoccupé par la petite saignée que subit son portefeuille et par le comment honorer de sa présence le cousin qui se mariera dans quinze jours.
Pendant cette journée passée aux abords du “lac Bechloul”, la maman suffoque dans un “F quelque chose” en ne désespérant pas qu’un jour, elle aussi se payera au moins un …congé !
D’autres pères de familles rappelés à la logique estivale par leurs enfants leur promettront une journée quatre étoiles à Tikjda. Là aussi c’est à un véritable parcours de combattant auquel seront confrontés les pères de familles.
En plus de tous les tracas que supposent les préparatifs s’impose celui de la dépravation de l’environnement. La montagne est prise d’assaut par des tourtereaux qui se cachent pour s’amouracher mais surtout par les amateurs du “fermenté” qui traînent leur ivresse entre les cèdres et autres pins noirs. “Déchéances morales”, estiment les pères randonneurs. Alors, et avant le jour de “l’ascension”, ils prospectent les lieux jusqu’à dénicher un coin épargné par la “débauche”. Pour ce faire, il faut éviter les jours de semaine généralement “réquisitionnés” par les transgresseurs de la morale établie.Le jeudi est en fait la journée idéale pour respirer en famille et à plein poumon l’air d’Aswal pendant que les enfants rêvent de se barboter les pieds dans la grande bleue et que la maman suffoque toujours dans un “F quelque chose” en ne désespérant toujours pas qu’un jour il fera bon vivre pour elle. Mais en attendant qu’un jour le congé prenne ses vacances, l’ensemble de la famille se défoulera sur fond de “Allo triciti!” au moins cinq week end à l’occasion du mariage de tel cousin (e) qui est condamné à passer son voyage de noces dans sa… chambre à coucher.
T. O. A.
