La » traversée » que va effectuer la chancelière va sans doute amorcer un rapprochement sans précédent entre l’Algérie et l’Allemagne. Outre le secteur de l’énergie, les privatisations seront au cœur des discussions, surtout que l’Allemagne possède une expérience très importante dans ce volet, notamment après celles intervenues lors de la chute du mur de Berlin qui ont quasiment mis à niveau l’est et l’ouest de ce pays.
La première Dame de l’Allemagne qui rappelons-le, s’est battu ‘bec et ongles’ pour participer et même faire changer la carte de l’Union pour la Méditerranée afin qu’il rassemble tout le vieux continent, ne compte pas en rester là. Le timing de la visite paraît avoir beaucoup d’énigmes qui seront certainement élucidées pendant ces deux jours de « course vers le Sud ».
En somme, 13 chefs d’entreprise accompagneront la chancelière, dont la plupart sont prêts à investir en Algérie, particulièrement dans le cadre des programmes de privatisation.
Et ils arrivent avec un atout d’importance par rapport à leurs concurrents des autres pays, eu égard à la notoriété germanique à travers le monde et ce dans tous les domaines.
A cet effet, le ministère allemand de l’Economie, qui a déjà organisé en février dernier un voyage de chefs d’entreprise dans notre pays, semble apporter des fruits, en sus, un autre est prévu en octobre prochain ce qui renseigne davantage sur l’intérêt que porte les Allemands à l’égard de l’Algérie. Un intérêt d’ailleurs qui date des années 70 où les Germaniques fournissaient aux Algériens des usines » clés en main » à l’image de l’Eniem de Tizi-Ouzou.
La mallette de Merkel devra compter beaucoup de projets de développement diversifiés. La réussite de cette nation et son classement en tête des pays européens résident dans l’investissement dans les PME et PMI. Rien qu’en Algérie 140 PME sont déjà implantées, et ces entreprises sont encouragées à investir dans les secteurs classiques de l’énergie mais aussi dans les domaines de la formation, du transport, du tourisme et de la construction. Berlin doit aussi se repositionner en tant que client algérien, sachant qu’elle dépend actuellement de la Russie en matière de gaz, (40% de son gaz provient de Moscou). L’Algérie apparaît dans ce cadre comme un partenaire de premier ordre pour cette stratégie. EON Ruhr gaz, filiale gazière du leader allemand de l’Energie EON, a ouvert le mois dernier un bureau à Alger et un port spécialement consacré au gaz naturel liquéfié (GNL) doit être construit au nord de l’Allemagne à Wilhelshaven. Cet atout majeur a incité les autorités algérienne à produire plus de 40 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié par an à partir de 2012, selon des prévisions du ministère de l’Energie et des Mines. C’est ainsi que l’Allemagne espère bien aboutir à un accord avec Sonatrach pour la fourniture de GNL, suivant ainsi la voie de la France et de l’Italie, lesquelles ont déjà signé des contrats en ce sens.
Le dossier des énergies renouvelables telles que l’énergie solaire sera également à l’ordre du jour des pourparlers algéro-allemand, sachant que ce dernier est leader incontestable au niveau planétaire. Le Sahara algérien est dans le collimateur des Allemands, et pour un début ces derniers prévoient son acheminement par câble. Il est à signaler que 1% du Sahara algérien pourrait alimenter toute l’Europe occidentale en énergie électrique. Un atout de taille à ne pas négliger aussi. Les Allemands visent en 2050 à ce que la moitié de leur énergie propre soit produite dans le Sahara nord-africain. N’est-ce pas une opportunité à faire valoir ?
Enfin, Angela Merkel, qui aura un tête-à-tête avec le président Bouteflika, des dossiers internationaux comme le Sahara occidental et la situation au Moyen-Orient seront aussi évoqués à l’occasion.
Lounis Melbouci