Dès dix huit heures, place au désespoir

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Avec ce début de l’hiver en cours, et la chute des températures s’ajoute la tombée de la nuit dès dix-huit heures. Les commerçants baissent les rideaux, les habitants rentrent chez eux tôt. Pourtant, dix-huit heures est aussi une heure de pointe ! Les travailleurs, fonctionnaires et ouvriers qui transitent par Sidi Aïch pour rejoindre leurs domiciles se retrouvent en mal de transport.

Les arrêts de fourgons se vident et les voyageurs voguent entre désespoir et angoisse. Que ce soit à l’arrêt d’El Flaye, de Chemini, de Seddouk ou d’Akfadou, le sentiment dominant auprès des voyageurs est le même ; la colère qui suit naturellement un certain sentiment d’abandon.

Le mal s’accentue davantage lorsque la pluie s’invite au décor, le voyageur se retrouve malmené de plus belle ; il n’y a aucun Abribus où il peut trouver refuge. Réduits à l’errance, les voyageurs consacrent cette halte à « mendier » auprès des clandestins et marchander un voyage avec un prix au rabais. L’auto-stop fait aussi partie des recettes gagnantes à partir de dix-huit heures.

Les cris de colère se répètent chaque jour, mais le scénario ne change guère d’un iota ; il se régénère chaque année telle une pandémie incurable. «Pourtant, dira un ouvrier, les transporteurs peuvent mettre quatre ou cinq fourgons à la disposition des voyageurs. Partir tôt est semblable à un abandon de poste».

Avoir un enfant en bas âge avec soi, une femme à côté ou des bagages dans les mains, le sentiment d’insécurité prend dès lors de l’ampleur ; il n’est pas rare à ces heures d’errance, d’entendre des prises à partie, des vols, des agressions que seules les victimes isolées, résignées et battues en connaissent les profondeurs du mal.

T. D.

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