La station des fourgons de M’chedellah où transitent des milliers de voyageurs au quotidien, était presque déserte ce jeudi, premier jour de week-end. Au niveau de l’aire de stationnement réservée aux transporteurs assurant la ligne M’chedellah-Bouira, seuls deux fourgons de 25 places étaient stationnés l’un derrière l’autre. Alors que le premier avait ouvert sa porte et commençait lentement à se remplir de voyageurs, le second fourgon devait, quant à lui, attendre le départ de son devancier. Beaucoup de temps a passé et peu de gens sont montés à bord de l’engin qui devait les transporter jusqu’à Bouira. À l’intérieur, ceux qui s’y trouvaient, hommes, femmes, vieilles et gosses suffoquaient et avaient du mal à respirer tellement la chaleur était insupportable. Il restait seulement cinq sièges de vide pour que le fourgon démarre. Peu après 15 heures, une personne âgée d’une quarantaine d’années traînant sa carcasse monta à bord du fourgon. Voulant se rassurer de la destination du monsieur, le receveur lui demanda où il allait. “ A Bouira”, répondit ce voyageur. Après avoir dévisagé tout le monde à bord, le monsieur s’assied à l’arrière du fourgon. La personne avait l’air bizarre. Une odeur insupportable se dégageait de son corps. Regardant tantôt à gauche et tantôt à droite, le gars s’était tout d’un coup précipité vers la porte de sortie. Un moment plus tard, il retourna dans le bus et reprit de nouveau sa place. A peine les places vides occupées, le chauffeur quitta l’arrêt. Excepté la chaleur, tout se passait bien à bord du fourgon. Après quelques kilomètres de trajet, le receveur commença à encaisser les places des voyageurs. Ces derniers avaient tous payé leurs places, à l’exception de la personne aux allures bizarres. Il sortit de sa poche 15 DA qu’il remis au receveur. Ce dernier n’avait visiblement pas apprécié le geste du monsieur qui lui affirmait au départ son intention de partir vers Bouira. Il devrait alors payer 40 DA comme tous les autres voyageurs. D’un air menaçant, le receveur, histoire de l’intimider lui annonça qu’il le déposerait à Ahnif. Le monsieur ne bronche pas et ne semblait pas être dérangé ou gêné par ce qui vient de se passer. Et c’est à ce moment là qu’un autre voyageur, jeune celui-là, lui demanda où il allait. Il voulait juste aider le monsieur en lui payant la somme manquante, c’est-à-dire 25 DA ( cette bonne intention montrée par le jeune passager à l’égard de son aîné, les passagers ne l’avaient apprise qu’un peu plus tard).
Vraisemblablement pas content, l’individu avait piqué alors une crise de nerfs et s’en est pris au jeune. Tout en gardant son calme, ce dernier avait tenté de le raisonner, mais en vain. Car la personne irritée a complètement perdu les pédales et est devenue plus agressive. Après s’être levé de son siège, il mit sa main dans sa poche comme s’il cherchait quelque chose. Soudainement, il sortira un couteau à cran d’arrêt et commença à brandir dans tous les sens. Avant que le fourgon ne s’arrête, les passagers, notamment ceux qui étaient assis à côté de lui étaient pris de panique. Ils avaient peur d’être blessés. L’éveil du jeune bienfaiteur, qui épiait les faits réussi à lui seul et sous les regards des autres voyageurs qui assistaient impuissants à la scène, à maîtriser la personne. Quelques instants après, le receveur avait évacué le malade mental, puisque s’en était un, en le mettant dehors. Durant les minutes qui ont suivies, tous les voyageurs avaient réagi en blâment le receveur qui était à leurs yeux le seul responsable de ce qui venait de se passer. Laisser un malade mental dangereux et armé monte à bord d’un fourgon bondé de monde était sûrement la bêtise à ne pas commettre. Fort heureusement personne n’a été blessé lors de ce voyage rocambolesque, mais il n’en demeure pas moins qu’une surveillance accrue des personnes voyageant à bord de ces navettes doit être effectuée par les receveurs afin d’éviter tout désagrément aux paisibles passagers.
D. J. M