Les plaidoiries ont pris fin avant-hier jeudi vers 17h. Et durant toute cette journée, les avocats ont poursuivi la défense des accusés pour lesquels le procureur général avait réclamé la veille, des peines maximales en se basant sur quatre articles du code pénal et l’article 77 du code de l’urbanisme. Les peines requises varient entre deux ou trois ans avec une amande de 20 000 DA pour la plupart des inculpés ( voir notre édition précédente). Toute la latitude a été donnée avant-hier encore, et pour cause, à la défense pour tenter de disculper ses mandants accusés d’homicide involontaire blessures involontaires, trafic dans l’utilisation des matériaux tant en qualité qu’en quantité et non respect des normes de construction en vigueur. En gros, la défense a méthodiquement pourfendu les conclusions de la Commission ministérielle sur laquelle s’est basé le représentant du ministère public dans son réquisitoire, suivi de lourdes peines à l’encontre des prévenus en mentionnant surtout que “ladite commission est dans cette affaire, en même temps juge et partie.” Comme lors d’une précédente plaidoirie, M. Khaled Bourayou, a exhorté l’instance judiciaire de “s’en remettre à l’expertise du professeur Chelghoum Abdelkrim-spécialiste en sismologie et géophysique-au lieu d’écouter les chants des sirènes.” Dans la même optique, la défense a rendu hommage au premier juge d’instruction qui avait en 2005 pour la même affaire, ordonné par deux fois un non lieu.
Parlant notamment des projets immobiliers de l’OPGI et la filiale SNTF à Corso, le défenseur s’étonne pourquoi a-t-on occulté (jusqu’à l’heure actuelle) les conclusions d’une expertise, mettant en relief l’impossibilité d’aboutir à un résultat exact concernant l’analyse a posteriori des échantillons du béton armé. “L’expert avait dit, a-t-il rappelé, qu’on ne pourrait déterminer d’une manière précise l’endroit propre à l’opération de carottage du béton armé.”
L’avocat Khaled Bourayou a ensuite attiré l’attention du juge sur le faits que ses clients-entre autres le nommé Yesri M’henni-avaient scrupuleusement respecté le RPA 88. Celui-ci avait été prescrit, a-t-il encore expliqué, durant les années de crise économique vécue par le pays avec une incidence fâcheuse sur les prix des matériaux de construction. Et d’enchaîner : “Quand le RPA 88 est entré en vigueur les chantiers dont sont responsables les prévenus sus mentionnés étaient parachevés.” Les personnes qu’on traîne maintenant devant les tribunaux “ ne sont que des boucs émissaires.” Et s’il y a responsabilité dans le drame qui s’est produit, elle incombe plutôt, a-t-il martelé, au laboratoire étatique ( INHC) chargé du choix des terrains à bâtir et de l’étude de sol. Il plaidera, en conclusion, la disculpation des nommé Semati Hsène Bessâab, Yesri M’henni et Naghil Hemani et Lalig. Prenant la défense des entrepreneurs engagés par l’OPGI dans de nombreux immobiliers, l’avocat Sahraoui Mohamed a surtout rappelé que l’intensité du séisme n’a pas été prévue par les services étatiques concernés. Il relèvera dans la foulée, qu’un de ses clients, le nommé Ahmed Nechat a été condamné à deux ans de prison dans l’affaire de 20 logements de Zemmouri où il n’y a eu pourtant ni victimes ni dégâts. Ladite bâtisse avait résisté au cataclysme,a-t-il indiqué.
Tout en s’appuyant sur les mêmes constats, l’avocat Abdelatif Berrabah qui défendait les responsables des maîtres d’ouvrages de l’EPLF a ajouté que le P-DG de cet organisme étatique a continué à jouir après le séisme de la confiance des pouvoirs publics. Et l’avocat s’est demandé aussi dans la perspective de disculper ses mandants, pourquoi certains projets sont concernés par ce procès, alors que le séisme a occasionné d’innombrables pertes humaines au niveau d’autres sites de Boumerdès-avec pour exemple la cité des 1200 Logements du centre ville avec ses 250 victimes-en plus des bourgades situées à la périphérie d’Alger. L’opinion locale avait suivi durant ces deux dernières jours, avec un certain intérêt, ces assises juridiques du procès en appel relatif au séisme dont le verdict est attendu mardi prochain.
Salim Haddou
