Par Mohammed Aouine
J’étais rien
J’avais le cri
Hilarant mais acéré
Quand j’ai rejoint
La planète des humains
J’étais un morceau de chair
Nu, immonde et visqueux
J’avais quelques années
Quand j’ai commencé
A décoder le langage
De mes aînés
Je baragouinais
J’étais le gage de la passion
D’un couple en naufrage
Pulvérisé par le poids des traditions
J’avais encore quelques années
Quand je me faisais taper sur les doigts
Parce que je sculptais
Sur ma table d’école
Le nom de ma bien-aimée
J’étais le courage
Et regardais pinard
Sous les jupes des filles
L’origine de nous !
J’avais toujours quelques années
Quand j’ai découvert
Qu’on est mortels à vingt ans
J’ai dit à l’éternel :
Alors comme çà !
On est les grains du sable fin
Qui t’échappent entre les doigts !
J’avais aussi quelques années
Lorsque mes puinés
M’ont mis sous terre
Ils n’avaient rien à faire
De moi qui redevenais
Un morceau de chair
Nu qui pue
A nouveau
J’étais rien !
M. A.