Tous les accusés relaxés

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Le président de la chambre correctionnelle près la cour de Boumerdès fit son apparition à 10h30, dans ladite salle. Il a d’emblée précisé que la demande en appel introduite par “certaines victimes du séisme du 21 mai 2003 a été acceptée dans la forme, mais rejetée dans le fond.” Une autre précision concerne, selon les propres termes du magistrat, l’extinction de la peine pour le nommé Boulakakaz Hamoud, décédé il y a quelques mois, alors qu’il avait été condamné en premier instance à deux ans de prison ferme assortie d’une amende de cinq millions de centimes.

Pour 27 prévenus, le procureur général adjoint en l’occurrence Lakhdar Sahraoui avait demandé, la veille du week-end dernier, des peines maximales prévues par des lois spécifiques du code pénal, deux à trois ans de prison ferme et une amende variant entre 10 000 et 20 000 DA. Le même représentant du ministère public avait demandé aussi l’application de la loi à l’encontre des maîtres d’ouvrages de l’EPLF, l’OPGI et la filiale SNTF de Corso ainsi que pour un ingénieur et un autre chargé de suivi d’un projet immobilier de l’OPGI. Hier à la salle INH de l’université locale M’hamed-Bouguerra, après trois heures d’attente qui leur paraissaient interminables, et pour cause, les prévenus et leurs proches furent soulagés à la lecture du verdict. Des you-you fusèrent de la salle. “Louange à Dieu”, s’exclame un entrepreneur.

D’autres adressèrent un vif remerciement au magistrat Nouisser Amar qui quittait déjà l’estrade de ladite salle d’un pas ferme. “Aujourd’hui, c’est la justice qui a triomphé, a commenté Me Bourayou Khaled. Mme Akkad a dit clairement qu’il s’attendait à ce que la justice finisse par reconnaître l’innocence de son époux Abdennour. Architecte chargé de la conception du projet SNTF de Corso, celui-ci était sous une condamnation de deux ans de prison ferme en 1ère instance. La même peine a été réclamée encore, par le procureur général près la cour de Boumerdès. L’épouse Akkad enchaîne, avec tristesse, que son fils Nazim, outré par la précédente condamnation de son père, s’apprêtait un tant qu’ingénieur en génie civil à quitter le pays. “On ne veut pas que d’autres cadres subissent le même sort”, a-t-elle encore témoigné.

Les prévenus et leurs familles rendent hommage au juge Nouisser Amar qui “a rendu son verdict avec objectivité et loin de toute pression ou intimidation de la part des pouvoirs publics.” Dans cette atmosphère de joie, un autre a dit qu’“on a aujourd’hui perçu une sorte d’indice d’autonomie de la justice.” Tout en pleurant lui aussi de joie, l’entrepreneur Nechat Ahmed a surtout, salué les avocats qui ont pourfendu avec brio, lors des plaidoiries, l’acte d’accusation. S’opposant aux arguments de celle-ci qui s’en tenait aux rapports des commissions d’enquête de la tutelle, faisant état d’erreur humaine dans la réalisation des projets incriminés, les avocats à l’instar de Bourayou Benbarrah et Sahraoui avaient particulièrement relevé le mauvais choix du sol et l’insuffisance de l’étude du terrain. A ces défaillances imputées à un organisme étatique s’ajoute, selon les avocats, la non conformité du RPA 88 avec les caractéristiques de la zone de Boumerdès et la banlieue est d’Alger.

Toutes ces insuffisances -qu’on ne pouvait imputer aux mis en cause finalement relaxés- doivent être comblées à l’avenir, explique le nommé Redjouali, ancien responsable du CTC à Boumerdès.

L’on considère enfin que le jugement d’hier mérite de figurer dans les annales judiciaires du pays.

Salim Haddou

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