Un hymne à la créativité

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La commune d’Iboudraren particulièrement, et la daïra de Beni Yenni en général ont connu durant une semaine — qui est d’ailleurs passée trop vite — des activités pleines de convivialité et de fraternité, en passant par l’humour, le rire, la poésie ainsi que la chanson. En effet, la semaine est passée trop vite au goût aussi bien des organisateurs que des citoyens de ces villages qui ne vivent que rarement ce genre de défoulement, les mémoires de tous ces “spectateurs” n’oublieront pas de sitôt ces moments. Un riche programme a été concocté par la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques de Tizi Ouzou (LACD) pour cette cinquième édition de Raconte-Arts qui a vu cette fois-ci la participation de trois association culturelles : Mbarek Aït Menguellet d’Ighil Bouamas, la Ruche d’Ath Yenni et Tamazgha des Aït Ouabane. Cette cinquième édition a eu pour thème “Awal d’izourar ghef idourar” (la parole comme des perles sur des montagnes), le titre d’une des plus belles chansons de Lounis Ait Menguellet, si ce titre a été donné à cette cinquième édition, ce n’est qu’un juste hommage au fils d’Ighil Bouamas, village qui a été le point nodal de ce festival, puisque c’est dans ce village que les troupes et autres invités ont élu domicile. Le programme du festival, qui s’est étalé du 10 au 17 juillet, comme à son habitude, a réuni diverses activités dans presque toutes les disciplines qu’ont connu les quatre éditions précédentes, cette variété a permis aux curieux et autres de choisir le spectacle qui leur convient pour se rendre dans tel ou tel village, et ce ne sont pas les attractions qui ont manqué même si, et sans le dire, l’organisateur, Hacene Metref et l’équipe restreinte de la LACD ont évité de parler des difficultés rencontrées dans l’organisation de ce festival. Ils aiment tellement ce qu’ils font qu’ils passent outre les problèmes et autres embûches auxquelles ils ont été confrontés durant la préparation et le déroulement de cette cinquième édition. On peut citer entre autres le peu de moyens financiers mis à leur disposition ainsi que la défection de certains artistes nationaux, lesquels au début s’étaient inscrits, mais qui leur ont fait faux bond. De même que l’organisateur aurait été dans l’obligation d’annuler, pour des raisons sécuritaires, à la veille du rendez-vous, toute participation étrangère à l’exemple de “Assays n imal d’agadir (Maroc)” ou encore “Rebel art d’Espagne” ; c’est ainsi que le festival s’est trouvé amputé d’une partie de son programme. Mais qu’à cela ne tienne, le festival a eu bien lieu et dans plusieurs villages, exactement dans quatre communes, à savoir Iboudraren qui a eu la grande part par le passage et la production des différentes troupes du festival dans le village d’Ighil Bouamas le point nodal, Tala n’Tazert ou il y a eu, le lundi, une randonnée en souvenir de l’estivale (Asmekti n’uqdar) que le village cité a organisé, suivi lundi d’une conférence sur site de Mme Abdenbi, chef de département de langue et culture amazighs de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, sans omettre le passage et la production qu’il y a eu à Tassaft Ougemoun, plus précisément dans un très beau restaurant, ou dans la soirée en plus des activités, la chanson a eu sa part, parmi les chanteurs qui se sont produits le sympathique Malek Kezoui qui a charmé le public.

Les contes subjuguent le public

Au 3e jour, c’est Beni Yenni, et plus exactement dans le village Ait Laârba où derrière presque chaque porte “se cache” une bijouterie artisanale, que le festival a organisé “La nuit du conte”. A 22 h, le public commence à s’installer car l’heure est à la fête et à la joie et c’est dans une place blanchie à la chaux, où quelques marches nous renvoient quelque peu à l’histoire de nos ancêtres. En plus de ceux venus d’ailleurs, le voisinage au complet est venu écouter Timouchouha”. Et quand un groupe d’enfants tout en couleur s’installe, c’est le silence qui s’est aussi installé du côté des spectateurs de tous les âges et des deux sexes. Si pour nous le conte n’est pas nouveau (enregistré déjà pour la BRTV), bon nombre de présents ont découvert pour la première fois ce que des enfants peuvent faire et ainsi distiller un message aux adultes. L’histoire, ou plutôt le conte narré ce soir, dont le personnage principal n’est autre que le petit Yenni (Yenni Amechtouh), dénonce, en kabyle bien sûr, ses mésaventures, et autres problèmes qu’il rencontre ; dans son conte rien n’est omis par le petit Yenni : du pillage du sable à la pollution, du règne dominant du plastique à la gestion des déchets. Et pour illustrer cela, les personnages des textes captivants ne sont autres que le Sébaou et M. Sablus, ou encore le petit Yenni et M. Petrol. La justesse et l’émouvante diction de ces textes, abreuvant les spectateurs, ne sont que la preuve du grand travail fourni par le club écolo d’At Yenni, et surtout de ces bambins, élèves au collège Larbi Mezzani, encadré par leur professeur de français Yazid Berdjan, Ali Bouras environnementaliste et de tous ceux qui se donnent réellement à fond dans le club écolo, à signaler que Yazid a déjà à son actif une autre expérience, à savoir la revue Macaho éditée l’année dernière. Il est aussi important de parler de la soirée Ahellil qui a eu lieu au village Aït Ouabane, village connu pour sa ténacité à s’accrocher aux traditions ancestrales, il est aussi l’un des villages les mieux organisés dans la région ; les “invités” du festival n’ont pas démenti la réputation dont jouit ce village. Ainsi tout ceux qui étaient cette nuit-là au village Aït Ouabane, un des 13 villages composant la commune d’Akbil, ont ressenti cette convivialité et cette hospitalité. Et comme nous l’a dit un des participants à ce festival “à Ath Ouabane, il n’est pas nécessaire de se poser la question : que va-t-il advenir de moi, si je me trouve dans ce village que ce soit pour une visite ou tout autre cadre ? C’est tous les villageois qui se proposent de t’héberger, ce qui m’a vraiment plu est le fait que tous t’invitent de bon cœur ; d’ailleurs le village s’est même proposé à héberger le public venu assister à la soirée”. Ladite soirée qui s’est d’ailleurs prolongée tard.

Le chef-lieu accueille la clôture

Ainsi, le festival s’est déroulé dans la bonne humeur, la convivialité, ceci grâce aux organisateurs et à la complicité de la population qui s’est associée à toutes les activités et a aussi rehaussé ce festival. De ce fait, en plus des activités culturelles permanentes comme les expositions de robes kabyles, photos et autres, le théâtre et la musique ont été aussi au menu, avec la participation de la troupe universitaire de Tizi Ouzou, ainsi que la troupe Ahellil d’Adrar, le groupe Hillal de Blida et Diwan avec Bahaz. Le cinéma a eu aussi sa part, ceci par la projection des films comme Lettre à ma sœur de Habiba Djahnine et Maurice Pons, écrivain de l’étrange de Noureddine Zahzah. Raconte-arts dans sa cinquième édition s’est achevé dans la commune de Yattaten, plus précisément à Souk El Had chef-lieu de la commune, où les troupes présentes et accompagnées de Lounis Aït Menguellat et de son fils Djaffer, ont passé près de deux heures. Il est aussi important de signaler que l’artiste-peintre Denis Martinez, un habitué du festival, était aussi présent durant toute la semaine, de même que l’animateur du cirque Papipol, Paul Schiffer un ami de Raconte-Arts ; comme la présence du désormais ami de la grande famille de Raconte-Arts, Michel Terral et président du Bataclown, un habitué de ce festival depuis maintenant trois ans était aussi parmi les convives. Un grand bravo à tous ceux qui ont fait que ce festival existe et perdure, comme ils ont réussi à ce que Raconte-Arts se mêle à la ville villageoise et soit aussi un espace de créativité.

M’hanna B.

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