n Le 29 juin 1992, Annaba a assisté médusée — comme le reste du pays — à l’assassinat du président de la République, Mohamed Boudiaf, mort après six mois à la tête de l’Etat. Les jeunes Algériens ne savaient rien de lui, puisqu’il s’était retiré à Kenitra au Maroc, et construisait l’avenir de sa progéniture brique sur brique. Parce que Si Mohamed avait cette patience du moudjahid embusqué, et du militant expérimenté, en plus de ce bon sens, bien de chez nous, qu’il a su conserver, et qui lui donnait cette humanité débordante.Son pays au bord du gouffre, Si Tayeb El Watani n’a pas hésité à se jeter à l’eau. Devant la situation catastrophique, la patience, l’expérience et le bon sens étaient devenus des luxes qu’il ne pouvait se permettre face à l’urgence et à l’ampleur du désastre. La mafia politico-financière, les trafiquants du D15, Hadj Bettou, l’ex-FIS, l’école sinistrée… tirs groupés de Si Tayeb El Watani sur tous les maux. Il fera feu de tous bois avec une langue accessible. Il fut assassiné par un agent des services de sécurité illuminé. On racontera à nos enfants que l’on a connu Boudy.
Ouziri