Ainsi, les Compagnons de Nedjma venus de Sétif, ont présenté le monologue L’Accusé. L’interprétation était assurée par Salim. Le monologue narre les péripéties d’un condamné, dont les problèmes de logement, de travail…et de vie sont définitivement réglés, par son statut de détenu. Le monologue, plusieurs fois primé lors des concours du quatrième art, a plongé le public dans un univers de critiques sociopolitiques des plus précises. Il décortique subtilement un ordre politique imposé, une réalité sociale provoquée, et un ordre moral sociétal rétrograde. Le texte du monologue a été écrit par le talentueux Tittif. A signaler aussi, que Merzouk du groupe Debza était présent, hier à Tifilkout. Merzouk avait interprété le monologue L’Accusé, dans sa version kabyle, durant de longues années.
Pour la même soirée, la Coopérative Djahid, -théâtre et cinéma- a assuré le deuxième spectacle. Djahid, le président de la même coopérative a présenté son monologue, L’Emmerdé et le virage. Un monologue métissé, où le comédien réalise une fusion entre deux spectacles, qu’il a confectionné pour la circonstance. Djahid, doctorant en physique, mais néanmoins comédien de talent, venu de Sidi Bel Abbes, a subjugué les présents par le verbe soigné avec lequel il décortiquait la vie à l’algérienne. Ses monologues sont un récit de vie, où s’entremêlent enfance à l’école, études dans leurs différentes étapes, en passant par les études supérieures, au chômage. Le jeu théâtral, les expressions corporelles et du visage, ont donné une autre dimension au spectacle présenté en arabe algérien. Le public est resté attentif à tout commentaire et geste du comédien, il était concentré sur le texte et a suivi fidèlement les faits et gestes de Djahid, lequel n’a pas trouvé de difficultés à faire passer son message. Le texte confectionné est une mosaïque de thèmes relatant, non sans critique, la situation d’un jeune écolier, qui a la volonté de poursuivre son ascension jusqu’au chômage, induit par les mauvais choix d’une société, victime de l’imperfection de ses responsables. A la fin du spectacle, les membres de la Coopérative Djahid ont tenu à remercier l’association Tafat pour le « travail monumental » qu’elle réalise chaque année, notamment, par cette édition-hommage à Boubekeur Makhoukh et Kheireddine Amroune, et promet de revenir chaque année pour y participer. A partir de 11 h du soir, le monologue a laissé place aux pièces de théâtre. C’était à la troupe Tighilt de Lemsella, venue de Illoula Oumalou d’assurer la continuité. Avec un humour corrosif, la troupe revisite les campagnes électorales. Avec un jeu simplifié et un texte humoristique, les comédiens ont offert au public plus d’une heure de rire. Entre les monts et merveilles promises et la dérobade des élus, de somptueux commentaires viennent orner ces moments consacrés à la campagne. Après les élections, les jeunes de Tighilt de Lemsella ajustent leur jeu à la réalité amère que vivent les collectivités. Un moment de bonheur, donc, a été assuré par cette pléiade d’artistes au talent indiscutable. La relation tissée entre les comédiens, qui défilent sans cesse sur scène et le public fut intense et concrète, elle s’est résumée au “feed-back” instantané qui s’installait au fur et à mesure entre les animateurs d’un art aimé et un public à l’écoute. La couverture médiatique des journées a été assurée, la journée et la nuit du jeudi par Saïd Fréha de la Chaîne II de la Radio nationale, en plus de notre quotidien qui est, par ailleurs, sponsor de la manifestation. A rappeler que la série des ateliers programmés a été assurée durant le week-end par Said Chemakh, maître de conférence à l’université Mouloud-Mammeri. M. Chemakh a donné une conférence sous le thème; «Le théâtre d’expression berbère.»
Kamel Bouakaz et Merzouk de Debza présents
Pour la soirée d’hier, trois spectacles et pas des moindres étaient programmés. La troupe du Théâtre régional de Béjaïa avec la pièce Wouhouch.com. De son côté, Merzouk du groupe Debza revisitera son ancien groupe de chant. Kateb Yacine, auquel de vibrants hommages ont été rendus lors de ces journées, était à l’honneur, Merzouk offrira au public une autre facette de l’artiste multi-facettes, Kateb Yacine.
Kamel Bouakaz, l’enfant chéri de l’Unique devait donner son one man show. Pour cette journée, un carnaval est programmé au village. Il s’agit, selon les organisateurs, de rappeler tous les comédiens et personnalités pour un défilé costumé dans les rues du village. Ce carnaval sera rehaussé par une troupe d’Idabalen pour assurer la fête et la joie.
Mohamed Mouloudj
