Les pieds dans l’eau…

Partager

A treize heures trente minutes hier, nous arrivons à Tigzirt au bout d’un chemin sinueux. Le chauffeur du bus que nous avons emprunté a préféré passer par la localité de Boudjima. Il faut dire que le voyage n’a pas été si éreintant. Les décibels des différentes musiques qui fusent du poste-radio du véhicule ont bercé les quelque 25 voyageurs. Le prix de la place est revu à la hausse, il est porté désormais à 70 DA. Dès notre déscente, à notre arrivée, on a été merveilleusement frappé par l’état enchanteur du port de la ville. Celui-ci a été aménagé en un lieu paradisiaque avec un parc d’attraction au milieu de quelques espaces verts parés par des ouvrages attractifs. “Cette place est le port”, nous dit Mohamed, un jeune estivant venu de Boumerdès que nous avons questionné. Mohamed, après une hésitation surpris par nos questions, ajoute concernant l’ambiance qui règne à Tigzirt : “ Je suis habitué à venir ici chaque année. Comme vous pouvez le constater, les choses vont en s’améliorant. La métamorphose du port en est la parfaite illustration. La saison dernière il n’y avait ici que du béton…”

La Grande Plage, l’évasion

La Grande Plage située à quelque 200 mètres de là était pleine à craquer, le drapeau était vert, et certains estivants se sont permis des évasions jusqu’au “top bleu”, sous l’œil vigilant des agents de la Protection civile éparpillés ici et là le long de la plage. “Venez les week-ends pour découvrir la grande affluence. Ajourd’hui c’est un peu plus calme”, dira un jeune de la localité de Tigzirt. À côté de lui est allongé Si Moh, un père de famille venu de Fréha. “Je me suis permis une petite sieste, je retournerai dans l’eau tout de suite”, déclara-t-il. La mer était calme et l’eau chaude. À quelques mètres de là, une famille qui a loué un parasol sert le déjeuner. Nous nous approchons d’elle. Apostrophé le père de famille, la cinquantaine, dira : “ Je suis venu, ma famille et moi de la wilaya de Sidi Bel Abès. Je suis ici chaque semaine depuis déjà quatre ans. Je passe ici mes vacances. Sincèrement, je me plais à Tigzirt”. M. Bacha déplorera toutefois le manque d’activité durant la nuit. “À partir de 21 h, tout est fermé. Je pense que la ville baisse ses rideaux trop tôt. Il faut se ravitailler dans la journée, car durant la nuit tous les commerces ferment.” dit-il. Pour M. Khelifa, venu, lui, de Boumerdès, le seul inconvénient qu’il trouve au niveau de cette plage, c’est la présence “ massive” de rochers et de cailloux sur la plage. “On ne peut nager à notre aise. Il faut à chaque fois faire attention à ces nombreux rochers qui présentent un réel danger pour nous, d’ailleurs des blessés plus ou moins graves sont souvent signalés ici”, estime M. Khelifa. Sinon celui-ci trouve l’ambiance qui règne à Tigzirt conviviale. “C’est la première fois que je viens ici. J’ai l’habitude d’aller sur les plages de Boumerdès et Tipaza. Franchement, Tigzirt n’a rien à envier à Palm Beach et autres. Il faudrait seulement nettoyer la plage de ces petits rochers” a conclu M. Bacha. On n’est qu’à l’entrée de la plage, plus on avance, plus il devient difficile de se frayer un chemin au milieu de tout ce beau monde, où se mêlent enfants, hommes, femmes, vieux et veilles. Mme Badia que nous avons approchée nous a d’ailleurs tout de suite fait cette remarque : “ Il est préférable de prévoir une plage spécialement pour les familles.” Mme Badia, qui était venue avec sa famille, était, a- t-elle dit, contrainte de surveiller de près sa fille contre ce qu’elle a qualifié d’embêtements par les jeunes.

L’insalubrité, l’inconvénient

“ Un garçon a été agressé devant tout le monde hier par un groupe de jeunes. Il faudra penser à une solution pour mettre fin à ce genre de dépassements. Nous sommes ici quand même pour nous reposer et passer des moments tranquilles,” nous a-t-elle expliqué. Sa compagne, Mme Drifa, une femme dépassant les 70 ans, a fait de son côté un amer constat sur l’insalubrité qui règne à Tigzirt. “ C’est regrettable de voir tout ce tas d’immondices jetées et un peu partout. La plage et la ville sont sales. Il y a même des chiens errants qui circulent de jour comme de nuit”, explique cette dernière, originaire de Tizi-Ouzou et qui vit en France depuis une trentaine d’années. “ Notre pays est beau, Tigzirt est un lieu vraiment paradisiaque, mais il faudra le sauvegarder. Et dans cette perspective, le rôle du citoyen est primordial”, ajoute -t-elle.

Le spectre d’un attentat terroriste…

Mme Drifa dira par ailleurs que la bombe qui a explosé il y a quelques jours dans la même localité ne l’a nullement dissuadée de venir à Tigzirt. En fait, l’attentat terroriste n’a eu que l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Tigzirt a, en tous les cas, écoulé hier une journée des plus animées.” Il y a plus de sécurité au niveau de la plage qu’en ville”, dit en substance Mme Drifa de Sidi Bel Abbès Nous quittons la plage. En ville, la chaleur est suffoquante. A vrai dire le climat est plutôt humide, à tel point qu’on sue même en restant à l’ombre.

Les ruelles de la ville étaient presque désertes, par contre les cafétérias et les fast-foods affichaient pour certains complet. “Nous recevons beaucoup de monde durant toute la journée. Je travaille ici depuis quelques années et la période allant du 1er au 15 août est la période où l’on travaille le plus”, argue le gérant d’un café au centre-ville. Autrement dit, l’ambiance et l’affluence atteignent leur paroxysme à cette même période. Vers 15h, des familles commencent à descendre à la plage, on pouvait les voir à partir du café où nous étions attablés.

C’est que, explique le gérant, les riverains et habitants de Tigzirt ainsi que les vacanciers qui ont loué dans un des hôtels de la ville préfèrent se baigner en fin de journée. “C’est le moment idéal pour eux d’aller à la plage.”

Tassalast grouille aussi de monde

Vers 16h, la plage de Tigzirt grouillait encore de monde. De loin, on voyait aussi la plage Tassalast, lieu du dernier attentat terroriste. Celle-ci semblait renouer de plus belle avec l’ambiance des grands jours, elle fourmillait à l’image de la Grande Plage, et certainement la plage Feraoun qui se trouve à quelques encablures de là.

L’ilot ne manquait pas également de monde “Ça a été toujours ainsi cet été”, diront les estivants.

M.O.B.

Partager