Logements scolaires d’astreinte ou de discorde ?

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Les enseignants logeant dans un établissement et exerçant dans un autre ! D’autres attendant toujours qu’on veuille bien leur attribuer un logement, continuent de louer ou de s’agglutiner avec les autres membres de la famille dans des habitations trop étroites ! Et des chefs d’établissement sont dans l’obligation de faire la navette entre l’établissement qu’ils dirigent et leur lieu de résidence. Pourtant, la réglementation en vigueur stipule que “les chefs d’établissement sont tenus de résider dans l’enceinte de leur établissement pour une gestion plus rapprochée”. Les demandes s’accumulent, la plupart du temps, dans les fonds de tiroirs des mairies. Une enquête à travers tous les établissements a déterminé une situation aberrante à plus d’une litre : on découvre des logements fermés, des logements dont les attributaires sont à la retraite, d’autres dont les résidants ne sont même pas sur le territoire national. Certains disposent de villas familiales et se refusent à rendre les clés, escomptant… quoi au juste ? Nul ne le sait. Il arrive parfois que la rumeur circule au sein de l’opinion publique que l’occupant d’un logement scolaire— n’ayant jamais fait partie de la corporation éducative— aurait libéré “son” logement contre espèces sonnantes et trébuchantes, mais la transaction se déroulant sans témoin, il est bien difficile de vérifier la véracité de telles allégations. Une chose est sûre : une enquête approfondie permettrait de déterminer sur quelle base a eu lieu l’attribution de ce logement à telle ou telle personne et quelle commission se serait réunie pour prendre la décision. D’autant plus que certaines décisions se prennent sans qu’une quelconque commission se réunisse ! Aléa jacta ! En cas de calamité ou de réforme d’une quelconque habitation, décision est prise aussitôt de reloger les victimes dans… des logements scolaires, tandis que les demandeurs—enseignants- n’obtiennent pas la même adhésion à leur préoccupation. Il est très facile de se rendre compte que certains logements sont occupés par des familles dont aucun membre ne fait partie de la famille enseignante et il est à se demander si le procès-verbal de réception met ces logements sous la responsabilité directe et exclusive de l’autorité de gestion des établissements scolaires, elle qui semble n’avoir jamais été associée lors de la réunion des commissions devant attribuer ces logements ! Pourtant la réglementation en vigueur est claire à ce sujet : les logements sont réalisés par l’autorité communale qui les met directement à la disposition de l’autorité scolaire, le chef d’établissement étant le représentant direct et exclusif. Il arrive, parfois, que les autorités communales permettent l’utilisation d’une ou de plusieurs salles de classe pour des cérémonies étrangères à la vocation éducative, telles que les mariages, circoncisions, célébrations ou autres ! Et dire que des directives ont été données pour que les établissements scolaires ne soient utilisés qu’à des fins éducatives ! Mais, ce qui demeure encore dans les mœurs et refuse de céder devant la réglementation en vigueur, c’est que le chef d’établissement se retrouve, en quelque sorte, l’otage d’une tutelle locale qui use et abuse de privilèges qui n’existent que par laxisme. Ainsi, l’autorité communale est chargée, en vertu d’une loi qui remonte à 1963, de la réalisation des établissements scolaires (salles de classe, commodités et logements), de leur entretien et de leur réfection, leur gestion relevant des prérogatives de la tutelle éducative. A-t-on jamais vu l’autorité communale s’immiscer dans la distribution des logements des collèges, des lycées et autres centres éducatifs ? La mainmise semble répondre à des besoins électoraux, de propagande et de clientèlisme. Si un chef d’établissement demande que la réglementation soit appliquée, cela est aussitôt transformé.

“C’est une menace que vous m’adressez !” A croire que demander que la réglementation soit appliquée est synonyme de menace, comme si les chefs d’établissement avaient quelque moyen de “menacer” quand ils se sont résignés à “quémander” un bout de craie, une règle, un paquet de détergent, la collaboration des autorités communales pour une excursion ou une petite aide pour organiser une cérémonie de fin d’année, le tout au bénéfice des pauvres innocents qui demeurent les éternelles victimes, otages d’une politique discriminative. Car les chefs d’établissement, qui se résignent à se servir de l’obséquiosité en manipulant la “brosse dans le sens du poil”, sont logés à de meilleures enseignes. Les citoyens n’ont pas manqué de constater que les chefs d’établissement sont astreints à solliciter des entrevues avec l’autorité communale comme tout le monde et le banc du couloir n’a pas seulement servi pour de besoins personnels ou familiaux mais aussi pour mieux assumer ses responsabilités de chef d’établissement ! Celui qui vient demander que des travaux soient lancés pour une réfection dans son établissement (avant qu’une catastrophe ne survienne mettant en danger la vie des innocents écoliers) ressemble à celui qui vient demander un sac de ciment pour refaire sa cuisine ! Noble métier, quand tu nous tiens !

Sofiane Mecherri

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