La pièce théâtrale Emigration, illusion et désillusion, qui entre dans le cadre de l’échange culturel franco-bénino-algérien qu’organise l’association Idles d’Ouzellaguen (Béjaïa),avec la collaboration des associations Albatros (France) Tingo-Gars et Cacy (Bénin), la Coopérative théâtrale de jeunes, (CTJ) et ACT Helouane, est en tournée dans plusieurs communes de la wilaya de Béjaïa depuis le 5 du mois en cours. L’initiative, nous dira le vice-président d’Idles et chef du projet, M. Bakchouche, “est une première du genre pour notre association, l’idée est de Omar Chilla, activant au sein d’Albatros, et que notre association a mis sur pied après moult difficultés et tracasseries administratives, à cause du flou entourant l’encadrement de ce genre de manifestation au niveau des hautes instructions et autres organismes.” Le thème tente une modeste approche du phénomène de l’émigration clandestine, en retraçant le parcours migratoire vers l’Europe, particulièrement à partir des rives sud de la Méditerranée, avec son lot de victimes et d’arrestations quasi quotidiennes de jeunes aventureux. La pièce raconte les mésaventures d’un Béninois, Koffi, qui tente d’émigrer clandestinement en Europe, afin d’y travailler et ramener de l’argent pour aider son village miséreux, en passant par l’Algérie et traverser la Méditerranée avec un groupe de “harraga” algériens sur une barque de fortune. Un voyage long et périlleux, dont il ne restera que deux survivants. Une fois en France, leurs déboires commencent… Un travail représenté dans trois langues (l’adja de Bénin, le kabyle et le français), aux couleurs des trois cultures, le tout sur fond de métissage musical savamment composé. L’avant-première de la pièce, qui a été donnée à la Maison de jeunes d’Ighzer Amokrane, avait fait salle comble. Un spectacle, aussi, qui a été longuement applaudi dans les différentes salles où il fut donné, Chemini, Seddouk, Akbou et Béjaïa, où le public a eu à apprécier une représentation haute en couleurs : la mise en scène de Maurice Mitchat, Djamel Abdelli et les chorégraphies de Marguerite Salvy, et cette alliance de chant et de danse composite. Une initiative qui n’a pas manqué “d’apporter un peu d’animation à certaines salles de spectacle tombées dans une longue léthargie, en pleine saison estivale”, nous diront des citoyens après le spectacle à Akbou. Souvent, avant chaque représentation, les troupes béninoises donnent un avant-goût du spectacle en jouant et chantant devant les salles, leurs habits et chants traditionnels, ou le terroir “Gogohoun”. La tournée s’est terminée à Ouzellaguen, le 14 août passé à Helouane, en guise de clôture de cette manifestation, où étaient prévue la dernière représentation suivie d’une animation musicale. “Une deuxième phase, conclut le vice-président d’Idles, est en projet pour l’année prochaine en France, puis une troisième phase au Bénin, et pour ce la nous sollicitons donc la fondation de France pour boucher la boucle de ce spectacle.”
S. A. B.