Les patients…s’impatientent

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Le marché du médicament est toujours en ébullition malgré l’annonce faite la semaine dernière par le ministère de la Santé concernant la signature de 18 programmes d’importation de médicament. Une décision attendue depuis de longs mois par les professionnels du secteur, mais aussi par des patients qui souffrent de maladies chroniques. Les diabétiques, les hypertendus, les cancéreux, les victimes d’AVC (Accident vasculaire cérébral), et tant d’autres encore se plaignent régulièrement de la pénurie de médicaments qui s’avèrent plus que nécessaires pour leur survie. De leurs côtés, les pharmaciens interrogés avouent que la pénurie de médicaments intervient à un moment où les propriétaires d’officines médicales s’attendaient à une révision des marges bénéficiaires qui, à leurs yeux, sont insignifiantes. “Une ruine pour nous pharmaciens qui sommes soumis au diktat des importateurs et de leurs lois, avec une marge de 17%, autant mettre les clés sous le paillasson” dira un pharmacien de la ville de Bouira qui ne comprend pas la rupture de stocks de certains médicaments qui se sont retrouvés sur le marché au lendemain du déblocage des importations. “Cette rupture de stock de différents produits vitaux ne manquera pas de se répercuter sur les tarifs de la centaine de médicament qui sont actuellement très rares à se procurer, car les rares quotas distribués occasionnellement ne peuvent satisfaire pas l’ensemble des malades.” Souligne notre interlocuteur qui ne comprend pas pourquoi aucune mesure incitative pour la généralisation du générique ne soit adoptée : “La prescription de médicaments génériques ainsi que ceux de la production nationale peuvent atténuer la pénurie que nous connaissons actuellement, mais pour cela des mesures concrètes doivent être prise par le ministère de la Santé, sans ces mesures, nous risquons de connaître régulièrement des pénuries de ce genre.’’ Parmi les médicaments les plus demandés et les plus recherchés figure le Tamgesic, remède pour atténuer la douleur de certain patient atteint de cancer.  » Le manque de médicaments fait que des traitement sont interrompus et ceci est très mauvais pour les malades. D’autres produits sont devenus inexistants comme la Mitomicyne, le Herceptin, le Xeloda, le Mabthera, et la Vincristine. Pour ce dernier par exemple, sur une commande de 250 boîtes, ils n’en ont reçu que 5 alors que le produit est disponible à Alger.

Les hypertendus de la wilaya de Bouira ne sont pas en marge des retombées néfastes de l’indisponibilité de certains médicaments. Pour Akli, 63 ans, souffrant d’hypercholestérolémie et d’hypertension artérielle, il est extrêmement difficile de suivre son traitement : ‘’Je dois prendre plusieurs comprimés et gouttes par jour afin de surveiller mon taux de cholestérol et ma tension, mais comme à chaque fin de mois, les médicaments que je dois prendre sont souvent indisponible sur le marché, soit j’arrête le traitement, soit j’achète d’autres médicaments qui ne sont pas souvent à ma convenance et qui me donnent des effets secondaires…..je souffre vraiment de cette pénurie.’’ Le vieil homme nous avouera même avoir eu recours durant sa rupture de médicaments à des solutions de rechange comme le traitement par des herbes médicinales. Une solution qu’il abandonnera vite vu son inefficacité et étant donné qu’il a été hospitalisé en urgence car sa tension avait atteint un seuil critique.

Les médicaments introuvables dans la wilaya de Bouira sont pourtant disponibles dans d’autres wilayas limitrophes, et c’est un pharmacien d’une commune à la périphérie du chef-lieu de wilaya qui a trouvé une astuce pour éviter de refuser des patients se présentant à son officine. ‘’ J’ai un ami qui possède une pharmacie à Bordj Bou-Arréridj, et cela lui arrive souvent de manquer de médicaments, comme moi d’ailleurs, mais il est très rare que nous soyons en rupture de stock sur un même produit. Ainsi, il nous arrive une fois par semaine de faire des échanges de médicaments, je lui procure ceux dont il a besoin et e échange il me fournit ceux qui sont indisponibles à Bouira.’’ Une solution temporaire qui a fait ses preuves au grand bonheur des malades s’approvisionnant dans ces pharmacies. Mais la plupart des autres patients attendent, eux, toujours de se voir délivrer les médicaments prescrits sur leurs ordonnances. Les patients s’impatientent et attendent une politique plus claire afin de permettre la régularité de l’ensemble des produits médicamenteux sur le marché algérien. Pour rappel, selon une enquête du Syndicat national des pharmaciens d’officines (SNAPO), les besoins en médicaments du marché national sont estimés à plus de 1,5 milliard de dollars et sont assurés à plus de 70 % par 121 importateurs contre seulement 54 fabricants locaux.

Hafidh B.

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