Entre Béjaïa d’hier et celle d’aujourd’hui…

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Le temps passe et les traditions disparaissent. Béjaïa, cette ville historique située au cœur de la Méditerranée, a joué dans le passé un rôle important dans la transmission des savoirs au Moyen Age attesté par des séjours ou des passages d’érudits versés dans tous les domaines de la connaissance. Elle était aussi un comptoir commercial ayant fait d’elle une capitale prospère et le siège d’une enviable dynastie. Chaque envahisseur avait apporté son empreinte à tour de rôle : Phénicien, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Almoravides, Almohades, Hafsides, Espagnols, Turcs et enfin Français. Ainsi, le vent des incursions multiforme soufflait de toutes les directions des siècles durant, tantôt balayant des traits culturels ancestraux. L’intrus a ainsi laissé son empreinte en dépit des hautes murailles de la ville de Béjaïa. Même ses six portes ont été forcées, ses vingt et un quartiers envahis et ses quatre châteaux occupés.

Partant de là, un brassage des ethnies prend forme donnant lieu à une population hétérogène dans sa diversité : Kabyle, Andalous, Turcs et Kouloughlis cohabitent de nos jours. Des ethnies qui refusaient dans le passé les mariages exogames et optaient en revanche pour des mariages endogames. La langue kabyle est parlée par tous, mais avec un accent un peu particulier parsemé d’emprunts dialectaux arabes, turcs, espagnols et français. En matière de traditions culinaires : couscous, sfenj, asbau tighrifine, kaâk el nekach sont les principaux plats de la ville de Béjaïa depuis des lustres ; certains plats traditionnels tel que “ tikourbabine” ont disparu des ménages béjaouis et ont laissé place à des frites-omelette et autres produits de conserve. Les boîtes de fer-blanc emplissent désormais les sacs poubelles des ménages. En ce qui concerne les tenues vestimentaires, l’habit traditionnel de la région s’est complètement éclipsé. C’est ainsi qu’on voit plus les femmes en “hayek” ici à Béjaïa-ville et l’on s’habilles au grand dam des personnes âgées à l’occidentale. Il en est de même des célébrations de fêtes de mariage où les D-J se sont substitués aux soirées chaâbies et andalouses. Certainement, de notre temps il n’y a plus de culture pure, et ce à travers le monde entier, mais il reste que l’âme d’une ville ne peut en aucun cas être troquée contre des effets de modes éphémères. Bonne chance Kabylie !.

D.S

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