Un casse-tête chinois à l’algérienne

Partager

Depuis samedi dernier, les ouvriers algériens revendiquent des augmentations de salaires, le paiement des primes ainsi que de meilleures conditions de travail sur les chantiers, ils empêchent les engins, les bus et les camions de l’entreprise chinoise de rejoindre les chantiers.

En brûlant des pneus sur la chaussée et en barricadant la RN 15 au niveau du carrefour de Maillot-Gare, les ouvriers ont réussi à attirer l’attention des différentes autorités et avant-hier, une délégation de sept ouvriers a tenu une réunion avec les responsables de l’entreprise.

Parmi eux, des représentants du CITIC d’El Biban ( Bordj Bou Arreridj), d’Alger, du maire de M’chedellah, d’un représentant de la daïra, de l’inspecteur du travail de Bouira et d’un inspecteur de wilaya. Des négociations entamées vers 10h, il n’en ressortira que très peu d’acquis. C’est ce que nous confirme un ouvrier algérien qui demeure pessimiste quant à l’évolution de la situation. “Sur le P-V de réunion, les responsables de l’entreprise chinoise ont accepté la réintégration de 40 ouvriers licenciés, c’est certes un acquis, mais les principales revendications n’ont toujours pas été satisfaites, notamment celles portant sur l’augmentation de nos salaires, le reversement de nos primes et le paiement des jours féries à hauteur de 200% le jeudi et 300% le vendredi.” Hier matin, de nombreux ouvriers nous ont, encore une fois, fait part des pénibles conditions de travail dans lesquelles il exercent. “La tâche est pénible, une cadence de forçats nous est quotidiennement imposée sans que les conditions de sécurité du travail ne soient respectées, et sans que les indemnités promises ne soient versées.

Lors de la réunion d’hier (dimanche ndlr), les responsables chinois ont promis de nous approvisionner en eau potable, une chose qu’ils faisaient jusque-là mais l’eau apportée sur les chantiers était imbuvable, d’une couleur douteuse et d’une odeur nauséabonde. Il faut que cela cesse, nous ne sommes pas en Chine ici ! Les travailleurs ont des droits et il faut que nos employeurs sachent que l’esclavage a depuis longtemps été aboli.” Pour avoir une version plus complète de la situation nous avons tenté de prendre attache avec les responsables de la base de vie CITIC, sise à M’chedellah. Mais là encore, peine perdue, puisque l’accès nous a été refusé et ce, après avoir décliné notre profession et la raison qui nous amenait en ces lieux.

Un gardien chinois, en faction devant le portail, nous a expliqué dans un anglais à la consonnance asiatique que “ les responsables de la base n’étaient pas là, que nous n’étions pas accrédités pour entrer à l’intérieur de la base et qu’il n’était pas habilité à répondre à nos questions.” Après avoir tenté d’en savoir plus au sujet de cette situation, ce sont les ouvriers algériens qui nous révéleront une intrigue de plus concernant la législation du travail : “ D’après l’inspecteur du travail de la wilaya de Bouira, nous devions déposer un préavis de grève avant de débrayer.

Cependant, en tant que contractuels, nous n’avons pas le droit à la grève et nous ne pouvons nous constituer en un syndicat.” Un paradoxe de plus qui annonce pas mal de complications en perspective quant au dénouement de la situation. Pourtant à voir, ou plutôt à écouter les doléances des ouvriers, ces derniers sont vraiment à plaindre d’autant plus que leurs revendication, somme toute légitimes, attendent d’être écoutées, étudiées et prises en charge rapidement pour que le tronçon autoroutier El Adjiba – Bordj Bou Arreridj puisse être livré dans les délais impartis, c’est-à-dire fin 2009.

Hafidh B.

Partager