Mohamed Cherif Abbas et Said Barkat au chevet des blessés

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L’hôpital Mohamed-Boudiaf de Bouira est littéralement pris d’assaut par des centaines de familles venu s’enquérir de l’état de leurs proches évacués vers cette infrastructure. Il était 10h du matin, lorsque nous pénétrons dans l’enceinte de l’hôpital. Des dizaines de policiers en faction filtrent les visiteurs, devant le service qui a accueilli les blessés. A l’intérieur, aucun endroit pour s’enquérir de l’état des malades. Des proches des blessés interrogent des connaissances travaillant à l’hôpital :  » Rougi est là ?  » demande un vieil homme à un infirmier. Ce dernier :  » Oui, il va bien et tu le verras tout à l’heure « .  » Et Said ?  » interpelle un jeune homme, “est-il sauf ?  » Oui il va bien grâce à Dieu, vous verrez les patients aux heures de visite, pas avant  » répond l’infirmier visiblement débordé. Si l’hôpital est en effervescence à cause du double attentat, il n’en demeure pas moins qu’on annonce la visite du ministre de la Santé, et que le ministre des Moudjahidine venait de quitter l’enceinte hospitalière après s’être rendu au chevet des blessés. A 11h, les proches des victimes sont évacués par les agents de sécurité de l’hôpital et se retrouvent devant la grille. La liste des personnes décédées allait être affichée. Sur les douze victimes, 11 ont été identifiées, la douzième personne étant méconnaissable, son nom ne pourra figurer sur la liste. L’attente est encore longue avant que le ministre de la Santé Said Barkat n’arrive à l’hôpital. Un sexagénaire se dirige vers la salle où se trouvent les blessés.

Un policier l’interpelle gentiment lui demandant où il va. Le vieil homme s’en prend verbalement au policier :  » Que faites-vous pour empêcher les terroristes de poser leurs bombes ? Vous vous pavanez avec vos armes dans vos uniformes sans rien faire  » dira-t-il avant de s’effondrer. Renseignements pris, il s’agit du père d’une des victimes, sous le choc, après avoir appris le décès de son unique fils. Finalement vers 12h, Said Barkat arrive à l’hôpital. Il s’enquiert individuellement de chaque blessé et leur exprime son soutien. Arrivé dans une salle où se trouvaient 8 femmes et des enfants, le ministre interroge une vieille dame de 70 ans selon sa fiche d’observation. Le ministre lui demande en arabe si elle allait bien. La vieille âgée lui répondra en kabyle  » Dhachu ca va ? Akham yeghli felli ad qaredh si ça va ?  »  » La maison s’est effondrée sur moi et tu me demandes si ça va ?  » La spontanéité de la vieille dame fera sourire le ministre qui lui souhaitera un prompt rétablissement. Le ministre de la Santé s’attaquera violemment aux terroristes qu’il qualifiera de  » traîtres et de lâches qui s’attaquent aux enfants endormis, aux femmes et aux jeunes Algériens qui se rendent à leur travail.  » En soulignant que  » les portes sont ouvertes pour ceux qui veulent descendre du maquis et rejoindre la société, les autres auront à affronter l’Etat et le peuple.  » Il achèvera sa visite en disant  » Nous sécuriserons l’Algérie avec la jeunesse, j’ai lu le deuil sur vos visages dès mon arrivée, mais l’Algérie restera debout.  »

A.O.

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