Ahmed Maouche dit Ahmed n’Aebella

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Né le 12 juillet 1903 au douar Azru n’Bechar à Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, il a fréquenté l’école de Oued Amizour, jusqu’au cours moyen, où il a quitté l’école pour aider son frère paysan -Hocine-. N’arrivant pas à gagner sa vie face à l’enclavement imposé par le colon, il décide de partir en France. A son retour, il loue un local au centre d’Amizour, où il gérera un commerce, qui le fera connaître et apprécié de la population, par sa générosité, sa bonté, son savoir-faire et son engagement anticolonial. C’est les premiers pas d’un grand commissaire politique, qui a sacrifié sa jeunesse pour la lutte contre le colonisateur français et son amour pour son pays. En 1936, il présentera une liste aux élections municipales, mais devant la fraude des harkis, il est battu par la liste de ces derniers : ‘‘Amis de la France.”

En 1941, il sera arrêté, déporté et interné à Colomb Béchar (Mécheria), lors de ses 18 mois d’incarcération, il rencontrera des hommes politiques, il sera libéré juste après l’arrivée des alliés en 1943. En 1944, il devient le représentant du Syndicat général des travailleurs, une occasion pour lui d’organiser le défi du 1er Mai 1945, sous les slogans (A bas le colonialisme, Libérez Messali, etc.) Après une semaine, lors du génocide perpétré par le colonisateur  » Le 8 Mai 1945″ les événements éclatent, Zizi Ahmed rejoint le maquis avec trois amis, à savoir ; Driès Salah, Zareb Abdelkader et Ben Aïssa Allaoua. A leur retour au village, ils seront arrêtés et transférés à Sétif, deux de ses amis seront libérés, tandis que lui et Ben Aïssa seront jugés et condamnés à 3 mois en prison. Après ces événements, le PPA sera dissous, il se présentera aux élections municipales, cette fois, sous le sigle du MTLD, présent lors des dépouillements, et constatant le bourrage des urnes, il déclarera : « J’ai perdu la compétition, mais je serais toujours là. » En 1947 il mène une liste pour les élections législatives, les autorités coloniales intimident la population pour l’empêcher de voter pour lui, mais en dépit de cette manœuvre machiavélique, il aura les faveurs de siens, encore une fois on aura recours à la fraude. Le pressentant comme un danger, toute une série de procès est enclenchée contre lui : rapports administratifs de la gendarmerie, du garde-champêtre et faux témoignages. Des jugements seront rendus à El Kseur par des peines d’emprisonnement et amendes, en pleine audience, il tiendra ces propos héroïques  » C’est aujourd’hui que je me rends compte que ma mère a enfanté un héros, si vous voulez me tuer, tuez-moi. » Après plusieurs recours, il sera acquitté par la cour de cassation de Paris. En 1948, dans son domicile familial, il abritera une réunion secrète de grande importance en présence de personnalités politiques nationales. Messali Hadj, Mohamed Yazid, Mohamed Khider, Mezerna Ahmed, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Chadli El Mekki, et bien d’autres (Une cinquantaine). Il participe ensuite au plan préparatoire de la Révolution et met en place la première organisation militaire de la région avant de rallier leurs différentes katiba.

Au déclenchement de la guerre de Libération en 1954, lors d’une réunion secrète à Smaoun dans la wilaya de Bejaia, il sera arrêté et écroué en compagnie d’Amghar Mohand Tahar, ils seront relâchés fin 1955, mais il ne renoncera pas au combat. Il sera interpellé encore une fois et arrêté, mais sera acquitté faute de preuves en janvier 1956, ce sera sa dernière arrestation.

Entre-temps, la bataille d’Amacin, qui a eu lieu la même année, où si Arezki l’Aurès tomba au champ d’honneur, et où il sera humilié par le colon, attaché sur le capot d’un camion militaire il sera exhibé devant le local commercial de notre héros, voulant lui faire comprendre qu’il sera la prochaine victime. Ses deux frères seront assassinés et tous ses biens incendiés. En apprenant la nouvelle après son retour au village, il décidera de rester définitivement au maquis.

Lors d’un accrochage dans la région de Timezrit il sera blessé et secourru par ses camarades. En dépit, de tous ces maux et blessures, Ahmed, toujours intrépide continuera sa lutte dans les maquis de la région de Ait Ouartiline et se battra jusqu’à son dernier souffle, on lui aurait proposé de rallier la Tunisie pour se reposer mais il refuse, en disant « Mon combat est à l’intérieur. » Enfin, en 1957 il rendra l’âme les armes à la main, il tombe au champ d’honneur sous les tirs des avions bombardiers coloniaux et sera enterré au soleil levant d’Aït Ouartilane. Après l’Indépendance en 1962, ce sera la première dépouille exhumée, rapatriée et enterrée dans son village natal, Aït Oumaouche – un village se situant à 4 km du chef-lieu de la daïra d’Amizour- il sera escorté à sa dernière demeure par un gigantesque cortège. Malheureusement ce héros, qui a sacrifié tous ses biens et sa vie pour que son pays vive dans la dignité est aujourd’hui marginalisé et délaissé carrément par les autorités concernées, aucun hommage ne lui a été rendu par quiconque. Des responsables, lors de cérémonies officielles, ont bien promis de lui rendre un hommage mais ce ne sont que des promesses non tenues, ce qui ne les honore pas.

Maouchi Yahia

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