L’onde de choc des attentats kamikazes perpétrés à Bouira et aux Issers semble avoir eu un impact sur la population des autres régions même aussi éloignées que Aïn El Hammam. Depuis quelques jours, les habitants de Michelet, jusque-là épargnés par ce genre de drame, vivent au gré des rumeurs distillées, on ne sait comment ni par qui. Le moindre bruit suspect fait penser à une explosion. La semaine dernière, des informations insistantes faisaient état de deux véhicules piégés qui circuleraient dans tout Michelet, à la recherche d’une cible. Ainsi, toute voiture étrangère, à l’arrêt ou en mouvement, devient suspecte. Mercredi soir, il était encore question de l’explosion d’une bombe dans les environs de la ville. Bien que personne n’ait entendu de bruit suspect et que l’information n’ait pas été confirmée, les gens restent vigilants.
Il continuent toutefois à vaquer à leurs occupations. Les coups de feu, de jour comme de nuit, tirés à l’occasion des fêtes de mariage, se confondent avec ceux des services de sécurité ou de l’armée. On ne sait plus s’il s’agit d’un accrochage ou d’une fête familiale.
Par ailleurs, il est fait mention d’avertissements qu’auraient reçus les locataires d’immeubles, jouxtant ceux des services de sécurité, les sommant d’abandonner leurs maisons. Ce que les concernés se hâtent de démentir. “Personne n’a quitté son appartement, jusqu’à présent” nous dira l’un d’eux qui refuse de prendre tout cela au sérieux “ces personnes s’amusent à jouer avec les nerfs des honnêtes gens” ajoute-t-il. Chaque nuit qui passe apporte son lot de rumeurs qui ne font que créer la psychose chez les citoyens. Les embouteillages, les rassemblements de personnes, comme au marché, deviennent angoissants.
Il est vrai que les récentes incursions d’individus armés pour racketter certains débits de boissons donnent “du grain à moudre” aux faiseurs de ragots qui ne cessent d’amplifier le moindre mot ou geste des visiteurs des bars. Personne n’est en mesure de donner sa source d’information, se contentant de dire que “c’est ce qui se dit.” Les auteurs de ces fausses alertes, inconscients de la portée de leur jeu, doivent être débusqués et rappelés à l’ordre pour éviter que les gens ne prennent, un jour, une vraie alerte pour un canular.
A. O. T.
