“Le potentiel est sous-exploité”

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La Dépêche de Kabylie : Premièrement, quel est l’état des lieux du secteur de la pêche à Tizi Ouzou ?

M. Djabali : Le secteur se porte bien ! Je peux dire, sans risque de me tromper, que la pêche à Tizi Ouzou connaît une dynamique nouvelle caractérisée par d’énormes investissements de l’Etat en infrastructures nouvelles érigées à Tigzirt et Azeffoun et aux quatre coins de la wilaya. La Direction de la pêche qui dispose d’un siège au niveau de la cité administrative et de deux antennes au niveau d’Azeffoun et Tigzirt pourra bientôt bénéficier d’un nouveau siège en cours de réalisation au chef-lieu de Tizi Ouzou. Le port de Tigzirt qui a été réceptionné est une merveille, celui d’Azeffoun connaîtra la même opération de réhabilitation, des sommes colossales sont investies et nous espérons booster le secteur. Du point de vue marché du poisson, je dirais qu’il est considèrée comme la viande du pauvre. Même si les prix demeure relativement élevé. Ces prix suivent le prix de revient de l’opération de pêche. Il faut dire que la situation a évolué, c’est une réalité qu’il ne faut plus ignorer. Jadis la sardine était vendue uniquement dans la ville, aujourd’hui, les quantités disponibles sur le marché permettent l’approvisionnement des régions les plus reculées du chef-lieu telles Iferhounène. Il y a une nette progression de l’offre et la demande aussi avec une meilleure répartition du produit.

Même si des sommes importantes sont investies, cela ne génère pourtant pas, en aval, une baisse des prix du poisson sur le marché local, comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Je suis d’accord avec vous en disant que ces investissements doivent être suivis par une amélioration au niveau des prix, c’est normal. Cependant, il y a lieu de prendre en considération le facteur de régulation qui s’effectue par les mécanismes du marché qui répondent à une logique d’offres et demandes. Cependant, il y a une nécessité de maîtriser les flux car nous constatons que d’importantes quantités sont vendues dans les villes limitrophes.

Qu’en est-il des stocks halieutiques disponibles ?

Le potentiel halieutique de la wilaya est approximativement de 26 000 tonnes dont 8 000 à 8 500 de stock pêchable. En 2007, la production a atteint 1 400 tonnes, c’est vous dire l’énorme marge de progression du secteur. En 2000 la production avoisinait les 375 tonnes en parallèle. La flottille de pêche était en 2007 au nombre de 195 contre 101 en 2000. La flottille de la wilaya est repartie comme suit ; 8 chalutiers, 22 sardiniers, 165 petits métiers.

J’ouvre là une parenthèse pour dire que les habitudes de consommation à Tizi Ouzou n’incluent pas la sardinié comme aliment de base contrairement aux villes côtières telles que Dellys, Jijel, Béjaïa qui en prennent plus de deux fois/semaine.

Peut-on avoir une idée sur les investissements de l’Etat dans le secteur de la pêche à Tizi Ouzou ?

Enormes sont ces investissements ! Le port mixte d’Azeffoun a connu des travaux de renforcement de la digie de protection du terre-plein pour l’enrochement. Le port de pêche et de plaisance de Tigzirt a subi un embellissement et une réhabilitation totale avec la construction de 64 cases-pêcheurs divisées en quatre lots, deux plages d’échouage ont été inscrite pour la réalisation, une à Ibahrissen (Aït Chafaâ) et l’autre à Mazer (Mizrana). Pour ce qui a trait aux structures de soutien réalisées, il s’agit de la mise en service de la station de ravitaillement en carburant à Azeffoun, trois camions frigorifiques.

Quelle est la place de l’aquaculture dans ce plan d’investissement ?

Pour ce qui est de l’aquaculture marine, une ferme aquacole initiée par un privé est en voie de concrétisation pour l’élevage du loup de mer et daurade au niveau de M’lata. Deux autres dossiers ont reçu un avis favorable pour la réalisation de deux fermes aquacoles au niveau des barrages de Aïn Zaouia et Draâ El Mizan. Pour ce qui est des fermes piscicoles, un avis favorable a été émis pour la réalisation d’une ferme d’une capacité de production de 600 tonnes/an au niveau d’Iflissen (Tigzirt).

En dépit de toutes ces réalisations, les pêcheurs rouspètent toujours par rapport à la précarité dans laquelle ils évoluent. Qu’en pensez-vous ?

Ecoutez, les gens doivent prendre conscience que cette catégorie (les pêcheurs) doit faire le choix du formel en quittant le travail clandestin. Les pêcheurs sont éparpillés et il est difficile d’avoir un chiffre exact, même si officiellement il y a 350 affiliés à la CAM de Tizi Ouzou. L’Etat fait des efforts pour moderniser la profession par le renouvellement des navires de pêche, mais l’Etat, seul ne peut pas tout faire, nous faisons également beaucoup d’efforts sur le volet formation, depuis l’an 2000 à ce jour, environ 200 marins et fils de pêcheurs ont reçu une formation de marins et capacitaires au niveau des CFPA de Tigzirt et Azeffoun sans parler des campagnes de sensibilisation qui touchent des thèmes importants.

On vous laisse le soin de conclure

Notre souhait est d’aboutir, à moyen terme, à une meilleure organisation du secteur pour maximiser le rendement et assurer une production à même de satisfaire la demande sur le marché local et pourquoi pas générer des rentes supplémentaires pour Tizi Ouzou grâce à l’exportation.

Entretien réalisé par A. Z.

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