Les différentes artères de la ville n’ont pas été en effet assez bondées de monde comme elles le furent durant les jours précédents. Disons que Tizi Ouzou a commencé son cycle de grasse matinée, un cycle traditionnel qui dure un mois. “C’est carême et je n’ai rien à faire pour me lever tôt”, dira en substance un jeune. Beaucoup pensent comme lui, continuant qu’il est bien préférable de dormir que d’aller chercher des problèmes. Il est vrai en fait que les nerfs sont à fleur de peau durant ce mois sacré. “Une bagarre a éclaté ce matin entre le conducteur d’un fourgon et un motocycliste à Fréha. Selon ce qu’on m’a raconté, c’est le chauffeur du fourgon qui a heurté le vélo” et son conducteur, s’en est suivi une bagarre”, raconte un villageois. Des bagarres qui sont en fait monnaie courante tout au long du mois.
Tizi se réveille doucement
Il était 11 heures. La journée commence lourdement. Le soleil était brillant, il devait faire en fait quelque chose comme 35 à 36°C, n’empêche que les Tizi Ouzéens ont choisi pratiquement ce moment pour entamer la première journée du Ramadhan. Les différentes ruelles de Tizi se remplissaient progressivement. La ville renouait ainsi avec l’ambiance des grands jours que seul le mois de carême sait créer. Une ambiance ramadhanesque qui va grandissante à mesure que la journée avance. Vers 13 h, il était bien difficile de se frayer un chemin dans l’une ou l’autre artère. Les différents trottoirs étaient déjà pleins à craquer, à tel point qu’on ne pouvait pas s’empêcher de déborder sur la chaussée. Des fois, il fallait bien jouer des coudes au milieu d’une foule assez compacte. Le marché des fruits et légumes, lui, n’a pas désemplit tout au long de la journée ; les prix toujours exorbitants affichés n’ont pas empêché les ménages de faire leurs achats.
La coriandre se vend comme des petits pains
Au niveau du marché, tous les magasins sont pris d’assaut. Les différents produits, fruits et légumes ont maintenu leur prix élevé. La tomate était affichée hier à 80 DA le kg, la carotte à 60 DA, la “star” des étals, la pomme de terre était cédée à 30 DA/kg. Cela, alors que la salade a atteint les 150 DA, la courgette les 70 DA. En somme, la flambée des prix est toujours de mise et risque de durer quelques temps. “Il est certain que ces prix baissent au bout de la première semaine du mois de carême. Des fois, c’est l’offre de la clientèle qui fait flamber les prix”, dira un client. Et de poursuivre : “C’est trop, les gens ne se retiennent pas durant ce mois, mais la demande va vite baisser après que tous le monde se soit approvisionné”. Les commerçants, eux, parlent d’une flambée des prix au niveau du marché de gros. Quoi qu’il en soit, au prix cher ou moins cher, le Tizi-Ouzéen en tou cas fait ses emplettes. Cela dit, les retardataires ont dû quand même regretter le retard qui lui a coûté de payer “quelques dinars de plus” pour l’achat de l’un ou de l’autre produit.
Fruits et légumes toujours la flambée
Connu pour être le produit du mois, nécessaire qu’il est pour le bon goût de la fameuse chorba, la coriandre se vendait hier comme des petits pains à l’instar d’ailleurs du céleri, du persil et autres.
Zlabia à 140 DA
Contrairement aux années précédentes, cette fois la zlabia et les pains briochés ne sont pas à l’abondance. Ces produits ne se vendent plus sur la voie publique. Hier en tous cas, seuls les spécialistes en la matière ont commercialisé les zlabia, le kebelouz et les pains briochés. Les étals présentant ces produits sur les trottoirs et les routes de la ville ont complètement disparu cette année, et ce contrairement à la décision du ministère de la tutelle limitant la commercialisation de zlabia et autres aux seuls spécialistes et titulaires de registre de commerce en la matière. Cette décision, qui est destinée à limiter les risques d’intoxications a fait, en outre, que le prix de la zlabia a augmenté pour atteindre les 140 DA/kg. Comme quoi, même la zlabia n’a pas échappé à la flambée des prix. “Je préfère ainsi acheter quelque chose de sûr et de propre malgré son prix un peu cher”, dira une sexagénaire que nous avons rencontrée devant un magasin spécialisé. Des magasins qu’on ne trouvera pas à tout coin de rue dans la ville des Genêts. Cette année, il faut bien aller les chercher, les dégustantes zlabia.
Le carême s’annonce rigoureux
Il était environ 14 h, la grande rue grouillait de monde et la circulation routière devient plus intense. Le jeûne commence à avoir des séquelles sur les visages des passants. “Le premier jour de carême se fait déjà sentir. Sincèrement il y a la soif qui commence à me tenir la gorge. Il vaudra mieux pour moi aller me coucher”, indique un jeune villageois s’est en prenant aussitôt le chemin vers l’arrêt des fourgons transporteurs de voyageurs. “Moi, c’est surtout la cigarette et ma dose de caféine qui me manque. J’ai la tête très lourde”, dira un autre. A vrai dire, ce carême est une question de pratique et d’habitude. “Franchement, j’ai toujours appréhendé le mois de carême en plein été, mais je pense que ce n’est pas aussi difficile à le faire”, estime un autre.
Les agents de sécurité n’investissent pas la rue
C’est vers 15 h que l’ambiance typiquement ramadhanesque a atteint son paroxysme. La chaleur a quelque peu baissé de sa densité permettant des sorties pour les jeunes et moins jeunes. Ceux-ci se promenaient nonchalamment, s’arrêtant devant devantures, question de tuer le temps, en attendant l’heure correspondant à la rupture du jeûne. Dans cette ambiance, il faut dire que la présence “massive” sur le terrain des agents de sécurité ne s’est pas fait remarqué du macro durant la journée d’hier, laquelle n’a pas été marqué par une quelconque présence particulière de service de sécurité dans la ville, comme il a été annoncé à la veille du mois de carême. Tizi Ouzou, a en tous cas écoulé une première journée des plus calme. La soirée sera certainement une tout autre paire de manche avec notamment le gala artistique prévu au niveau de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Les prochaines journées prendront sûrement en animation.
M. O. B.