Rentrée sociale sur fond de grandes peurs

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Pour cette rentrée sociale, comme d’ailleurs pour celle de 2007, la bourse du Bouiri est appelée à résister sur deux fronts : celui de la rentrée scolaire et celui de la chorba du ramadhan. Si, s’agissant du premier front, le capital expérience est mis à contribution par le père de famille pour, plus ou moins, remplir le cartable de son enfant, il n’en est pas de même lorsqu’il est question de garnir la ‘’maïda’’ du f’tour. Et là, ‘’garnir’’ est un gentil euphémisme qui en fait désigne ce bol de chorba ‘’frictionné’’ à quelques grammes de viande et à une tonne de jumbo. Un bol de chorba précédant le plat de résistance négocié essentiellement avec de la pomme de terre cuite et présentée sous toutes les formes. Mais là aussi, il ne faut pas croire que la ménagère exercera tout son art culinaire sur ce tubercule qui est passé de 8 à 45 dinars le kilo. Et ces producteurs de tubercule qui ne savaient où mettre l’excèdent !! Même la vielle loi de l’offre et de la demande ne tient pas la route devant la gloutonnerie commerçante qui caractérise le ‘’sacré mois’’. A vrai dire, ce double souci d’ordre financier est passé au second plan devant cette ‘’épouvante’’ que tentent d’imposer les hordes sauvages affiliées à l’islamisme intégriste. Sans faire dans l’alarmisme et, encore moins, dans le sensationnel, force est de constater que le Bouiri n’a pas vraiment le cœur à négocier un kilo de ceci ou un kilo de cela devant tel ou tel étal exposé aux quatre vents.  » Lehna yesbeq leghna (la paix passe devant la richesse) », puise un quinquagénaire dans les adages pour nous faire part de son appréciation de la rentrée sociale. Le double attentat qui avait ciblé le secteur militaire et le bus transportant les travailleurs de SNC Lavalin a, et c’est le moins que l’on puisse dire, secoué la quiétude de la ville qui croyait que le terrorisme était loin derrière et que la vie était en train de reprendre ses droits à Bouira. Le moindre jeu de gyrophare et autres sons de sirènes réveillent les grosses peurs et replongent le Bouiri dans un passé récent où le terrorisme intégriste ‘’battait son vide’’.  » Yella kra n remdan negh n la rentrée scolaire d-mazal” (ni la rentrée scolaire ni ramadhan, ne sont les préoccupation de l’heure) !, nous dit Achour pour nous signifier sa crainte d’un ramadhan sanglant. En fait, c’est le Tout-Bouira qui craint une recrudescence du terrorisme durant ce mois sacré. Déjà, cette crainte était, à un degré moindre, omniprésente à l’approche des ramadhans précédents. Pour ce ramadhan, cette peur prend les allures de psychose à cause des derniers actes terroristes qui avaient ciblé les Issers, Tizi-Ouzou et Bouira. Cela dit, la ville a connu pire dans les années 90. La vie aura certainement raison des desseins macabres des forces du mal. Grâce à ce mystérieux et insaisissable instinct de survie, le Bouiri finira par éprouver un indéfinissable plaisir à négocier un kilo de tubercule, reléguant ainsi au tout dernier plan ses peurs.

T.Ould Amar

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