Le f’tour des plus démunis

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A Alger, les privés ont la cote…

Le syndrome du délire s’empare de la mercuriale dés son approche ; cette année, le concours de trois événements dans le temps, la rentrée scolaire, le ramadhan et la fête de l’Aid, retentit comme une sanction sévère décidée contre la bourse de la quasi-totalité des ménages laminés par les fêtes familiales durant ces longues vacances.

19h : La salle et la terrasse d’un resto “errahma” d’une localité périphérique de la capitale sont bondées de monde. Tous les sièges prévus sont occupés par une clientèle hétéroclite pour une durée indéterminée, qui pour un four, qui pour deux, voire dix,… Il y a même qui passeront tout le mois à ce rythme de bohémien, en allant d’un resto “errahma” à un autre… Des retardataires traînaillent. Des chaises leur sont fournies,…tout le monde se serre un peu plus, en faisant signe de la main à ces derniers…C’est même une d’invitation à partager son espace. A quelques moments de la rupture du jeûne, tous, tenaillés par la faim et la soif, en plus d’un épuisement physique pour d’autres, affalés sur leurs chaises somnolent, demeurent évasifs et se regardent avec des yeux hagards…à balayer du regard la salle et la terrasse ; On en déduit aisément que parmi les attablés, jeunes et moins jeunes, on compte des fonctionnaires, des manœuvres, des commerçants,… Il ne reste que quelques minutes à égrainer. Le patron du resto sert « la chorba frik »…C’est bientôt la rupture du jeûne. “Qui finance ces restos “errahma” ? Demande-t-on à notre voisin. Entre deux cuillerées de chorba frik, d’une voix inaudible, sèche et coupée, il nous dira : « C’est les donneurs ». Son camarade ajoute : « Cette année, parait-il, les restos sont contrôlés et pris en charge par l’Etat… Certaines sources ont fait savoir que, même, la “Rahma” n’a pas échappé au détournement et à la corruption ». Cinq cents restos “errahma” étaient prévus pour cette année à l’échelle nationale ; seuls 400 ont ouvert leurs portes,…. Beaucoup d’habitués de l’opération n’ont pas décroché le visa d’autorisation du secteur de Ould Abbès. Le contrôle, semble-t-il, est sévère. Cette année, trois milliards DA sont consacrés aux couffins. Six ou sept mille repas sont servis quotidiennement. 15 000 bénévoles du C-RA, des scouts et autres sont affairés à accomplir l’opération de la Rahma tout le long du mois. « Au sein de la capitale, en faisant le tour, il a été remarqué que les restos de Abbès ont le rideau baissé à deux heures de la rupture du jeûne, avec les gens à l’intérieur », nous dira un confrère. Une virée à travers la capitale, nous fait redécouvrir le commun de nos concitoyens dans ses dures conditions, son légendaire esprit de partage et de solidarité durant les épreuves….Bref, sous toutes ses facettes. El-Harrach, H-Dey, Baraki, Dar El Beida, Ben Aknoun, Ain Naadja…

« La Belle » est ….encore plus belle :

Selon les témoignages recueillis auprés des citoyens, les restos “errarahma” pris en charge par des privés sont « plus intéressants » que ceux assurés par le ministère de la Solidarité où règne le flou dans la gestion, la qualité des menus,….un ftour chez le « resto la Belle » nous fera découvrir le sens de l’organisation, de l’accueil et de la générosité de ces initiateurs. « 600 ou 700 repas sont servis quotidiennement dans une organisation minutieuse et remarquable, créant ainsi 17 à 20 postes d’emploi au cours du mois. On partage le même menu avec nos concitoyens tout le long du mois. Même si le service est bouclé, celui qui se rapproche de notre maison ne repartira jamais déçu ni les mains vides », nous dira Hamid, un des fils de Ammi el Hadj, chargé de l’accueil des arrivants. Le sourire aux lèvres, Il salue les nouveaux venus d’une manière aussi sympathique, tout en causant pour détendre l’atmosphère et, en même temps, coordonner le service entre ses différents employés. « Chaque mois de ramadhan, c’est chez Rabii, il n’y a pas mieux » « je suis très heureux de me mettre à la disposition de mes concitoyens ; en compagnie de Hamid, c’est fabuleux », nous diront Mourad (citoyen) et un des employés de la maison. Comme quoi que « la Belle » est encore plus belle durant le mois de ramadhan.

Ahmed Kessi

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