Au royaume des mendiants…

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C’est le ramadhan, le mois des dépenses et des “hassanate”. Les commerçants le savent. Les mendiants aussi,…peut-être surtout ! Une “sadaka” donnée de bonne foi pendant le mois sacré équivaut à un bonus de plusieurs dizaines de hassanate supplémentaires, car, nous dit-on, le “barème” retenu par la volonté divine en ce mois n’a absolument rien à voir avec celui des “temps normaux”. Et c’est en cela que se résume, globalement, la politique générale des mendiants. L’aumône étant considérée dans la culture de l’Algérien comme étant à la fois dépense et hassana, il faut donc tout mettre en œuvre pour arracher aux gens quelques pièces en guise de geste de bonne volonté. De fait, et tout comme les commerçants ambulants, les vendeurs de zalabia, où encore le nombre de policiers déployés à Tizi pour ce ramadhan, le “ dispositif des mendiants a été sérieusement remanié pour mieux cerner les accès aux rues et les moindres recoins des artères commerçantes. L’objectif étant de harceler le passant d’une manière constante et ciblée jusqu’à ce qu’il daigne mettre la main à la poche. L’on ne s’étalera pas, ici, dans des commentaires, stériles et inutiles, sur ce phénomène, lui imputer les pires reproches, s’alarmer sur l’ampleur ( énorme) qu’il a pris, vilipender ceux qui en ont fait leur métier et critiquer ceux censés l’éradiquer et le combattre.

On ne fera rien de tout cela. On se contentera de citer des faits et de s’intéresser à des situations vécues.

Mendier à Tizi : mode d’emploi

Ce n’est ( surtout pas!) un manuel pour initier quelques novices attirés par le métier, mais le mode de fonctionnement d’une activité pas tout à fait comme les autres qu’on a essayé d’infiltrer l’espace d’un temps. Premier constat : trois catégories de mendiants sont établies a Tizi-Ouzou. Il y a, d’abord, les “quémandeurs” syndiqués dans des clans puissants et organisés, lesquels bossent pour le compte et pour l’emblème d’une communauté bien connue. Et puis, il y a les mendiants “ indépendants”, de vieux routiers pour la plupart, et qui, comme leur nom l’indique, ne tolèrent aucune assimilation, ni partage de recettes journalières ou de territoires. Et puis, il y a les demandeurs d’aumône “occasionnels”, souvent plus timides, moins insistants, car affichant, dans la plupart des cas, de réels besoins sociaux.

Ceux-là n’ont pas de territoire, ils “exercent” dans les endroits laissés vacants par les deux premiers professionnels.

Ahmed B.

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