Ikhedji Mouloud :  » Que chacun apporte sa touche pour contribuer à élever le niveau du volley-ball  »

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Que pensez-vous de la participation et des résultats de l’équipe nationale ?

Notre principal objectif est de nous qualifier et de donner de l’expérience à cette jeune équipe ; on s’est qualifiés et on a joué face à des équipes de niveau très élevé. On a joué notre premier match contre le Brésil classé mondial et qui a décroché la médaille d’or ; aussi, contre la Russie et l’Italie, qui sont des équipes de très haut niveau. Notre plus mauvais match était contre la Serbie où l’on pouvait faire mieux. Contre le Kazakhstan, on a décroché le set et c’est une première pour une équipe africaine qui participait aux jeux. Ce n’est pas facile, on a fait de bons scores contre cette équipe mais dans l’ensemble le niveau est très élevé et on le savait à l’avance. Je crois que si l’on avait bénéficié de beaucoup plus de matchs de haut niveau, on aurait donné une meilleure prestation. Après tout, on a joué 5 matchs de niveau mondial et c’est une expérience gagnée pour l’équipe et pour les joueuses. La prestation de mon équipe est moyenne, elle pouvait faire mieux à cause du manque d’expérience. À chaque match on débutait mal à cause du stress et le traque de jouer face à des adversaires réputés mondiaux, on faisait un bon 2e set et l’on fléchissait au 3e set. Il faut dire aussi que notre équipe n’avait pas l’encadrement complet : notre statisticien était absent ; on travaillait avec lui par Internet ou téléphone,alors que les autres équipes avait 3 statisticiens sur le banc et 2 en dehors de l’aire de jeux pour communiquer avec le 1er ou le second entraîneur afin de donner des consignes et de rectifier quelque chose, truc qui n’est pas possible pour nous avec un entraîneur seul. Pour changer le schéma tactique c’est quelque chose de très difficile. Je tiens à déplorer ça qui est dû aux considérations administratives

Parmi les rencontres jouées, quelle est celle qui était à votre portée ?

Avec du recul, c’est facile de dire mais on pouvait faire un meilleur score contre le Kazakhstan, ce n’est pas une équipe sortie du néant, elle a participé au grand prix et joué au minimum une quinzaine de matchs. Je crois que c’est l’équipe qui avait le niveau légèrement inférieur au Brésil, la Russie et les autres équipes mais ça reste une grande équipe.

Les volleyeuses du Kazakhstan sont expérimentées et ont participé dernièrement au dernier grand prix, je pense que le 3/1 n’est pas un mauvais résultat pour nous mais on essayera toujours avec ce groupe, avec moi ou sans moi, de miser sur cet effectif car les Algériennes ont des potentiels surtout avec le renfort des joueuses qui ne sont pas avec nous à Pékin. Je pense que l’objectif qu’on s’est arrêté est de donner de l’expérience à cette équipe ; ça fait 5 matchs de plus.

Après du recul, il y a sûrement des satisfactions ?

Effectivement,notre passeuse, Oukazi, a fait un tournoi acceptable,correcte, stable et était régulière sur l’ensemble des matchs ; Il y a aussi Lydia Oulmou, qui a été notre meilleure joueuse et a été régulière alors que Mouni Abderahim, la pointue, pouvait donner plus.

Je crois que ces trois joueuses se sont illustrées, alors que lors des deux derniers matchs Faiza Tsabet a joué mieux que les 3 premiers, elle n’est pas entrée dans la compétition mais elle s’est ressaisie au fur et à mesure ; elle a fournie une prestation acceptable et assez honorable. C’est une fille qui a des potentialités énormes.

Et concernant la surprise de l’équipe, Melle Boukhima ?

Boukhima était le coup de poker : on a gagné une joueuse. Elle a joué sans complexe durant les 4 premiers matchs et j’ai essayé de l’intégrer au fur et à mesure car elle avait du traque. Au dernier match, je me suis dit qu’on a rien à gagner, je l’ai gonflée psychologiquement car je savais qu’elle a d’énormes qualités et qu’elle n’a pas su les exploiter ; je pense qu’avec ce match qu’elle a fait, où elle a marqué des points, c’est quelque chose pour une jeune de 17 ans qui est encore juniors ; elle a un avenir plein en espérant qu’elle sera prise en charge car elle peut donner satisfaction

Quelle est la position de la fédération de volley-ball après les J.O. ?

C’était clair : on s’est mis d’accord pour donner de l’expérience à cette équipe et confirmer notre suprématie sur le plan africain, participer au maximum à l’avenir aux compétitions internationales tels les championnats du monde 2010 et avec cette jeune équipe les Jeux de Londres en 2012. Mais cet objectif ne sera réalisable que si l’on donne les moyens aux clubs car se sont les clubs qui alimentent les équipes nationales. Y a aussi la disponibilité des athlètes et le volume d’entraînement qui doit être assez conséquent pour essayer d’élever le niveau d’entraînement quantitativement et qualitativement, aussi de la compétence, de l’infrastructure adéquates, du matériel et des moyens financiers pour essayer de se rapprocher et de réduire l’écart avec le niveau mondiale mais pas de l’atteindre, car ça nécessite 10 ans de travail continu. Il faut mettre les moyens qu’il faut, du matériel pédagogique, de la compétence humaine et aussi de la disponibilité de l’athlète surtout concernant sa scolarité, car on peut pas avoir l’athlète 90 minutes par jour et 4 fois par semaine : c’est impossible. L’athlète est de 8 h à 5 h en classe ou à l’université et que reste t-il de son temps pour s’entraîner, progresser et élever le niveau

En parlant de la disponibilité des athlètes, quelle est la solution d’après vous ?

Ce n’est pas uniquement sur le plan sportif et ce n’est pas un seul facteur qui rentre en considération, c’est plusieurs secteurs qui devront intervenir pour qu’on puisse prendre en charge l’athlète de performance sérieusement : la formation du jeune âge jusqu’au niveau seniors pour qu’il puisse atteindre la haute performance, il faut revoir le volume horaire à l’école et que la pratique sportive soit effective.

Ce n’est pas uniquement avec une heure ou 2 heures par semaine qu’on peut élever le niveau, que l’athlète soit recruté dans le scolaire et non le contraire pour participer à une compétition scolaire. Pour que l’athlète soit disponible, il faut des horaires et un programme aménagé ; je pense que des solutions existent et il suffit de les mettre en pratique

Quel l’objectif de l’équipe nationale ?

Les Jeux Méditerranéens de 2009, les Championnats d’Afrique qui sont qualificatifs aux championnats du monde de 2010 pour pouvoir participer au tournoi des grands au japon en novembre 2009. C’est des compétitions de niveau mondial qu’il ne faut pas rater pour que l’équipe nationale puisse élever son niveau. Il faut parler déjà de 2012 car on vient de finir les Jeux de Pékin et l’on doit penser dès maintenant à Londres 2012.

Je vous laisse le soin de conclure….

Les Jeux Olympiques c’est quelque chose de magique, de grandiose, c’est une expérience humaine et sportive ; nos athlètes, qui ont déjà participés, peuvent refaire cette compétition car c’est une génération jeune (moyenne d’âge de 23 ans), à l’image de Boukhima qui a 17 ans et qui aura 21 ans en 2012. Je pense que les équipes qu’on a rencontrées ont des joueuses de 30 à 37ans. Notre équipe a de l’avenir et il faut de la continuité, sans moi ou avec moi, car je ne suis pas quelqu’un qui s’accroche. Je pense qu’il faut avoir de la stabilité à tout les niveaux : administratif, fédéral ou encadrement technique. S’il y a une joueuse qui émerge il faut l’intégrer et notre politique est d’injecter du sang neuf et de sélectionner l’athlète qui donnera un plus. Le noyau de l’équipe est stable avec un Mouni Abderahim qui a signé un contrat professionnel et qui sera en septembre à Istres, Faïza Tabet qui est toujours à Istres. Elles vont jouer la coupe d’Europe et c’est déjà extraordinaire pour Mouni. Il faut donner le maximum de moyens, d’infrastructure et de la disponibilité de l’athlète pour subir un certain volume d’entraînement assez conséquent afin d’essayer d’élever le niveau. Sans ça, ce n’est pas la peine de continuer. Que chacun à son niveau puisse apporter quelque chose pour contribuer à élever le niveau du volley-ball, et c’est valable pour tous les autres sports.

Propos recueilli par Zahir Hamour

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