Tizi-Ouzou continue de couler un Ramadhan plutôt calme. A sa première semaine, le mois sacré n’a pas atteint l’effervescence des grands jours, le Ramadhan a, en fait, perdu beaucoup de ses “parfums”. Côté sécuritaire, Tizi est épargnée par les sanguinaires du GSPC.
Ramadhan 2008 : le charme perdu ?
Le Ramadhan de cette année 2008 ne ressemble pas trop à ses prédécesseurs, hormis les prix des fruits et légumes qui ont flambé comme à chaque début du même mois. Il a été calme du moins pour sa première décade. En fait, force est de constater que le Ramadhan cette année ne suscite pas des cohues comme il nous a habitués. Peu de gens dans les rues et dans les marchés à Tizi-Ouzou où l’on ne se bouscule plus. La circulation routière est tout aussi fluide au centre-ville de la capitale du Djurdura comme à sa périphérie. A vrai dire, en somme, cette situation est pratiquement incomparable aux années précédentes à la même occasion. Le mois de carême est bien connu pour son ambiance des plus spéciales et surtout ses parfums particuliers. Une ambiance et des parfums qui ont quelque peu perdu de leur densité. Ramadhan aura aussi perdu quelque chose de sa particularité. “Sincèrement, je ne sens pas qu’on est en plein mois de carême, énormément de choses qui faisaient la particularité de ce mois ont disparu aujourd’hui,” dira en substance un citoyen. Il est vrai qu’on ne sent plus les odeurs de zalabia dans les rues de Tizi qui ne sont plus squattées, en outre, par les étals de pains briochés et de kelb el louz. “Auparavant on trouvait un malin plaisir à se promener au milieu des foules compactes. Cela nous faisait passer le temps, un temps aussi agréable, en attendant le f’tour.” témoigne encore un autre citoyen. En effet, la circulation pédestre est plus fluide en ce mois de Ramadhan que durant les jours ordinaires et ce contrairement aux années passées. Les principales ruelles de la ville des Genêts, à l’instar d’ailleurs des autres villes de la wilaya, ne se remplissent pas à longueur de journée depuis le début de ce mois. Pour plus d’un, en fait, cet état de choses est dû à la canicule qui sévit à Tizi-Ouzou et ses environs. Il faut dire que cette chaleur torride qui étreint la wilaya n’incite pas à aller s’aventurer dehors au risque de se déshydrater. “Au lieu d’aller faire un tour, je préfère rester à la maison,” indique un Tizi-Ouzéen. Plus d’un pensent, comme ce dernier en somme, que se promener sous un soleil de plomb est fortement déconseillé aux jeûneurs. Rien que pour la journée d’hier, les services météorologiques prévoyaient pas moins de 40°C pour la wilaya.
La saison estivale joue les prolongations
D’ailleurs cette chaleur qu’on qualifiera de normale pour un mois de septembre a permis à la saison estivale de jouer, malgré le Ramadhan, les habituelles prolongation puisque des baigneurs sont encore signalés du côté de Tigzirt et Azzefoun. Certes les plages de ces localités ne sont pas aussi pleines qu’auparavant mais toujours est-il que Feraoun, Tassalast ainsi Le Carroubier et la plage centrale d’Azzefoun reçoivent encore du monde; “Yadjouz ou non” pour un mois de carême. Il faudra peut-être aller le demander à un cheikh initié à la chose. En fait, les fetwas sur le sujet divergent. Quoi qu’il en soit, certains citoyens préfèrent aller à la plage que de se balader en ville. Il est vrai, par ailleurs, qu’en restant chez soi à la maison, il n’est pas toujours évident de “tuer” aussi facilement le temps. La télévision étant le seul passe-temps pour beaucoup, celle-ci n’est plus aussi riche par les programmes qu’elle propose étant donné que les chaînes TPS sont cryptées. “Il n’est pas évident de trouver quelque chose à voir sur les chaînes arabophones,” atteste un jeune qui dit préférer dormir à longueur de journée devant son ventilateur que d’aller soumettre ses nerfs à rude épreuve dehors. En fait, tous les coups sont permis pourvu que le temps passe et l’heure de l’Adhan arrive. Après c’est une autre paire de manches dans une wilaya qui manque à vrai dire énormément d’infrastructures de loisirs, puisqu’on y est, il faut dire que même les soirées de Tizi ne sont pas aussi animées. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri ne pouvant pas répondre à elle seule à la demande grandissante des jeunes en quête de défoulement et de distraction. Ainsi, en l’absence d’alternative, les Aït Djennad, les Aït Irathen, les Ath Ouaguenoun tout comme les Aït Aïssi, les Aït Ghobri se tournent inéluctablement vers le loto, les dominos et les cartes pour passer leurs soirées qui se limitent souvent à quelques heures de temps seulement. “Cela a été toujours comme ça ici,” se souvient un sexagénaire. En fait, à Tizi, on coule des soirées “comme au bon vieux temps,” de la même manière qu’il y a vingt ans, voire plus. Il s’agit là peut-être du charme de Ramadhan, un charme qu’il a fini par perdre concernant la journée.
Tizi épargnée par les terroristes
Cela dit, la grande satisfaction qui marque la société tizi-ouzeénne c’est surtout le fait que sa région soit épargnée par les sanguinaires terroristes du GSPC. Pourtant le dispositif annoncé à la veille du mois de carême en vue de renforcer la présence des services de sécurité sur ce terrain ne se traduit pas réellement sur le même terrain, peut-être que les services de sécurité travaillent discrètement. En tous les cas, les policiers ne sont pas à chaque coin de rue à Tizi-Ouzou. Quoi qu’il en soit, Tizi a passé une première décade de Ramadhan tranquille que la bombe artisanale qui a explosé à Boghni n’a nullement dérangé. Bien au contraire, c’est l’organisation terroriste d’El Quaïda qui a subi un véritable revers avec l’élimination de l’une de ses têtes pensantes, Selami en l’occurrence, qui a été tué mercredi passé à Tadmaït.
M. O. B.